Pièce de Résistance – Dans le Limousin

(English translation below)

Nous avons visité plusieurs sites autour d’Eymoutiers où sont tombés des hommes de la Résistance. Le Limousin était, pendant la guerre, une région ‘non occupée’ et a ainsi été une zone de beaucoup de résistants, sensiblement lié aux convictions communistes.

Il est toujours intéressant d’observer le comportement des familles vis-à-vis du sujet de la participation de leur famille pendant la guerre. Dans le temps, on voit souvent des processus différents se dérouler, incluant la romantisation de la résistance, une fausse attribution de résistant et, puis, la bête noire: la collaboration.

Nous avons visité le site de Mont Gargan, une colline sur laquelle une troupe de Nazis a combattu le 18 juillet 1944, une dizaine de maquisards (dont 2 espagnols), situés dans un cimetière au village avoisinant, Saint-Gilles-Les-Forêts. (Voir wiki référence). Sous les ordres stricts du célèbre Colonel Guingouin, le groupe de résistants, sous la commande de Lt. Pierre Malavaud — l’oncle de ma femme — est resté combattre jusqu’à ce que les allemands les entourent et les tuent.

Cette histoire figure au petit musée de la Résistance à Peyrat-le-Château. Un musée à deuxPeyrat-le-Chateau Musee de la Resistance pièces dédié aux maquis limousins. (peyrat-tourisme.com). 2E50 par adulte. [Attention aux enfants pour la visite de la salle de gauche, car des scènes graphiques sur la déportation, les camps de concentration…].

Ma motivation pour ce billet vient de la rencontre sur la colline à Mont Gargan (760m). A mi-chemin, je demande un renseignement à un monsieur âgé d’environs 70 ans. Il commence à dire, « Je m’en souviens comme si c’était hier… ». Vivant en bas de la colline (toujours), il dit avoir eu 12 ans au moment de cet événement ‘peu glorieux.’ Il raconte que « ça s’est passé strictement de la façon suivante…et ce n’est pas l’histoire qu’on veut connaître. Les allemands qui tenaient la colline ont tout simplement liquidé les maquis en envoyant une troupe par derrière. Les maquis n’avaient aucune chance. Guingouin n’était nulle part avec eux. »

Il poursuit, « Dans la guerre, beaucoup de monde n’a pas eu à manger. Les hommes envoyés « volontaires » dans les camps de travail en Allemagne, vous savez, n’ont pas eu beaucoup plus que le citoyen allemand de base. Quant à moi, je n’ai jamais manqué à manger car je vivais–depuis toujours–sur une ferme en-bas. »

On bifurque sur la carrière de cet homme, pilote dans les Forces Aériennes (Algérie) et puis avec Air France pendant 45 ans. On revient sur les activités de la résistance. Il répète presque mot à mot ce qu’il m’avait déjà raconté (…comme si c’était hier…). Après, il enfile avec la liaison manqué avec une hôtesse de l’air…allemande. Enfin, il rajoute ensuite les phrases suivantes:

« Ah, dans la guerre, on ne donne pas de la valeur à la vie. Et, puis, c’est pareil aujourd’hui. On est en guerre. Et comme avant, ce sont les juifs qui sont au centre de tout cela. »

J’ai tout compris. Ses propos se sont glissés bien rapidement vers sa sordide vérité. D’entendre tout ceci là où l’oncle Pierre est tombé ne me convenait pas. Je l’ai quitté sommairement ce monsieur anti-sémite.

Il fallait que je me souvienne du pourquoi on a fait cette visite et les vrais messages de fond à passer aux enfants.

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ENGLISH TRANSLATION

Pièce de résistance

We visited several marked sites around Eymoutiers where men from the Resistance were killed. The Limousine region was, during the war, a “non-occupied” area and was thus a zone of much resistance, sometimes related to their communist convictions.

It is always interesting to observe the behavior of families relating the participation of their family during the war. In time, one often sees different developments, including the glorification of the Resistance, a false attribution of participation and, the ugliest: the opposite, Collaboration.

We visited the site of Mont Gargan, a hill on which a troop of Nazis engaged, on July 18, 1944, ten “maquis” [the name used for the men and women of the Resistance] including 2 Spaniards, located in the cemetery of the neighbouring village, Saint-Gilles-Les-Forets. (See wiki reference). Under the strict orders of the famous Colonel Guingouin, the small band of maquis, commanded by Lt. Pierre Malavaud — the uncle of my wife — remained at their station until the Germans surrounded them and annihilated them.

Peyrat-le-Chateau Musee de la ResistanceThis event is related in the small Museum of the Resistance in Peyrat-le-Chateau. A museum, in two parts, dedicated to the maquis of the Limousine. (peyrat-tourisme.com). 2E50 by adult. [Take care with children, for the room on the left contains rather graphic scenes on the deportation, concentration camps…].

My motivation for this posting comes from a meeting on the hill of Mont Gargan (760m). Halfway up, I request information from older man (about 70 years old). He starts to say, “I remember it as if it were yesterday…” Living in bottom of the hill (as he still does), he said he was 12 years old (which would make him 83 which was highly unlikely) at the time of this not-very-glorious event. He recounts that “events occurred formally in the following way… and it is not the history which one wants to admit. The Germans who held the hill quite simply liquidated the maquis by sending troops down the hill and circling behind their position in the cemetery. The maquis did not have a chance. Guingouin was nowhere to be seen.”

He continues, “In the war, many people had little to eat. The men volunteering or who were sent by force to the labor camps in Germany, you know, they were fed about as much as the basic German citizen. As for me, I was always well fed because I lived—still today—on a farm just below.”

We diverge onto the career of this man, who was a pilot in the Air Forces (participated in Algeria) and then with Air France during 45 years. We return to discuss the activities of the Resistance. He repeats almost word for word what he had already told me (… as if it were yesterday…). Afterwards, he continues on about the missed liaison with a German air-hostess…. Lastly, he adds the following sentences:

“Ah, in the war, one does not give value to life. And, then, it is similar today with the new war we are suffering today. And like WWII, it is the Jews that are at the center of it all.”

I very much understood his intentions. His remarks slipped quickly down towards his sordid truth. To hear all this where the Uncle Pierre fell just was not appropriate. I left this anti-semite man summarily.

I had to refocus on the visit and remember why we were here; and the right messages to be passing along to our children.