La Liberté De Presse – Comment Bien La Défendre ?

La Pologne est en train de vivre un moment délicat, s’agissant du décret signé par Liberte de presse Polognele Président Andrzej Duda, où l’état prend le contrôle des médias publics. Ici l’article paru dans Le Monde. Le contrôle — et qui est propriétaire — de la presse est un des plus grandes problématiques au niveau systémique des nations. Le cas de la Pologne est dérangeant au plus haut pour ce pays à haut potentiel. Cependant, le contrôle et la possession des médias est un problème de taille dans plein de pays. La Pologne, jusqu’alors relativement considérée « libre » (46e rang) selon World Freedom Press, se verra chuter radicalement en 2016.

Dans un reportage sur l’émission Télématin (France 2) ce samedi dernier sur l’état d’avancement de la presse écrite en 4 pays étrangers, ils ont traité le cas de la Grèce, pays à l’origine de la notion de la démocratie. Dans ce reportage sur la Grèce, on a témoigné que le nombre de journaux imprimés est pléthorique. Ils ont en effet 13 quotidiens sportifs nationaux, avec 2 à 3 journaux par équipe de football. Sur le plan de presse nationale, « il y a 19 quotidiens nationaux généralistes, 8 économiques, 1 satirique, 23 hebdomadaires et 44 journaux régionaux. » Le journalisme grec est largement politisé et contrôlé par des hommes de pouvoir. Les éditeurs du premier journal national, ProtoThema, déclarent recevoir fréquemment des menaces terribles. Les journaux servent avant tout les intérêts des grands barons (qui sont propriétaires d’entreprises, équipes sportives, entreprises de Liberte de presse Grecetravaux publics, etc.). Selon le reportage, signé Alexia Kefalas et H. Katsigiannis, la Grèce serait classée « 193e au rang des pays jouissant de la liberté de la presse. » Faux. Il n’y a même pas 193 pays dans le baromètre. Les reporteurs se sont trompées : la Grèce ne se place qu’au 91e sur 180 pays, utilisant le classement annuel par World Press Freedom. Cela n’empêche que la Grèce est très mal notée. A noter que la Grèce est tombée 56 places depuis 2009 et se situe en-dessous seulement la Bulgarie (106e) parmi les pays de l’UE.

Le lien entre les média et entrepreneur / industriel n’est point une infliction uniquement grecque. Sans parler de Rupert Murdoch ou James Packer, aux Etats-Unis, Jeff Bezos s’est emparé du Washington Post. Et encore, General Electric et Disney font parti de l’oligarchie des 6 propriétaires qui détiennent 90% des médias aux Etats-Unis.

LA LIBERTÉ LIÉE AUX ENTREPRISES ET LA POLITIQUE

Et pour la France ? Elle est notée au 35e rang, juste une place au-dessus des Etats-Unis. Il m’a toujours paru compliqué de comprendre le paysage des médias en France et quelle était la part d’indépendance vis-à-vis des entreprises et de la politique. Quelle est la véritable liberté d’expression ? Dans le tableau ci-dessous, j’ai compilé ce que je comprends par les plus grands joueurs, aidé par une bonne infographie du Nouvel Obs (et mon ami Olivier Cimelière). C’est un tableau qui bouge, vu les achats par les uns et les autres.

liberte de presse

En haut du tableau, il y a l’homme de pouvoir (les barons français, disons). En gris (2e ligne), on trouve les entreprises sous leur contrôle. Enfin, en 3e ligne, les médias principaux détenues. Le souci invisible de ce tableau — et bien difficile d’y voir clair — est le lien entre ces hommes et les hommes et femmes en politique. Selon cet article sur Agoravox (2010), Arnaud Lagardère aurait été qualifié de « frère » par Nicolas Sarkozy. Bernard Arnault était témoin au mariage entre Sarkozy et Bruni. Martin Bouygues est parrain d’un des fils de Sarkozy. Pierre Bergé est connu pour sa proximité avec François Hollande. Serge Dassault, 90, sénateur actuellement, a également un fils député à l’Assemblée Nationale. Selon l’article, François Pinault aurait des liens des deux cotés politiques, notamment avec le président actuel. Le fils François-Henri Pinault, pour sa part, aurait des liens tissés avec Arnaud Montebourg. Et cetera. Les liens sont de toute évidence étroits entre l’industrie, les médias et … la politique. Certains hommes tentent plus que d’autres d’intervenir dans la ligne éditoriale de leurs journaux. D’autres préfèrent utiliser les médias pour interférer dans la politique. En tout état de cause, les lignes de liberté paraissent bien floues.

LA TRANSPARENCE OBSCURE

Assurer la bonne indépendance de la presse reste un élément critique dans la démocratie. Si la presse n’est pas pressée de parler de ce manque de liberté chez nous, on aura des vrais soucis à se faire. Fort heureusement, il existe encore des titres indépendants, tels Mediapart, Le Canard Enchaîné, Marianne et encore Charlie Hebdo… Mais, la circulation de ceci est assez restreinte. Si la liberté de presse est remise en cause et que la presse n’est pas capable de critiquer librement, le danger de statisme et corruption profonde s’étale. Si la Grèce est le paroxysme du pire dans un état « moderne et démocratique, » le cas de la Pologne est un mise en garde pour nous autre.

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2 réflexions sur « La Liberté De Presse – Comment Bien La Défendre ? »

  1. Problème très compliqué.
    La question me semble double : 1) pouvons-nous avoir accès à une information correcte ? 2) sommes-nous manipulés ?
    Pour 1) il me semble que celui « qui veut peut », d’autant que l’on a accès à la presse internationale. Mais cela demande une enquête que peu de gens ont la volonté ou le temps de faire.
    Pour 2) Il me semble que la presse a, paradoxalement, peu de pouvoir d’influence. On ne lui fait pas confiance. L’influence que nous subissons est indirecte, ce qui la rend d’autant plus efficace, elle passe par les films, la pub, Internet;, l’école, les modes diverses, les idées reçues dont on ne connaît pas l’origine… D’ailleurs tous les entrepreneurs d’Internet ne rêvent que de faire de nous des « followers ».

    En France, les journaux sont les danseuses de Citizen Kane de pacotille.

    • On est bien d’accord que ce n’est pas simple, Christophe! Entre l’équation économique, la disruption digitale, la recherche d’objectivité absolue et le devoir public, la recherche d’une vraie liberté de presse peut paraître même idéaliste. Comme tu dis, pour ceux qui veulent, il y des informations. Mais ça a tendance à rester pour juste le « happy few. » Le manque de confiance dans la presse est tout à fait symptomatique du problème…. faute de ne pas travailler en transparence, avec des fautes de journalisme (manque d’investigation, vérification….) et/ou un biais trop lié à l’audience (versus le vrai news). C’est d’ailleurs le fond du sujet pour la série américaine Newsroom

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