La joie au travail ? Le triptyque du jeu, de la raison d’être et de l’alignement pour un meilleur engagement des employés

Ce post ci-dessous est issu d’un article que j’ai écrit en anglais d’abord, sur le sujet de la joie. Ce qui est drôle — voire troublant — c’est que les mots employés en anglais et en français pour décrire cette émotion divergent. Comment traduire, par exemple, le mot « happy » ? Cet adjectif, selon moi, est un sentiment éphémère, provenant d’une source extérieure. Je trouve le meilleur équivalent en français c’est la joie. En revanche, le mot en anglais « joy » (que je qualifie comme étant un sentiment profond et plus pérenne, provenant plus de l’intérieur) n’a pas la même valeur que la joie. J’ai décidé ainsi de traduire « joy » par le bonheur, qui est aussi un nom, mais pour lequel il n’y a pas une traduction exacte en anglais. Enfin, en français, on peut aussi utiliser l’expression d’ « être heureux. » Différent de la joie (allegria), heureux semble être un peu plus profond. En español, tout est dit par le verbe: ser feliz (dans mon être) ou estar feliz (un état temporaire). Alors pour chaque expression, on peut vite se mêler les pinceaux, car ces mots joie, heureux et bonheur sont souvent utilisés de manière interchangeable. Pour cet article, j’ai préféré donc définir la joie (en français) comme étant un sentiment de félicité éphémère. Et que le bonheur soit un sentiment profond, provenant d’éléments intérieurs et qui peut exister aux côtés de tristesse et difficultés. Pardonnez-moi d’avance si cela vous contrarie !

Le mirage de LA joie : Pourquoi la bière gratuite et le baby-foot ne suffisent pas

Dans le paysage du business actuel, la quête de joie au travail est souvent présentée comme une panacée face au manque d’engagement des employés et aux problèmes de santé mentale croissants. Pourtant, je soutiens que cette focalisation sur la joie pourrait être mal orientée. Malgré la prolifération d’initiatives visant à stimuler l’engagement au travail, la réalité est que de nombreux employés, y compris les cadres supérieurs, sont aux prises avec des niveaux de stress et des problèmes de santé mentale sans précédent. Selon l’étude “État de l’empathie sur le lieu de travail 2024” de Businessolver, un stupéfiant 55 % des PDG ont déclaré avoir connu des problèmes de santé mentale au cours de l’année écoulée. Cette statistique témoigne de l’existence d’environnements de travail toxiques généralisés qui affectent tout le monde, du sommet à la base. L’idée que la joie peut être conçu au travail – comme offrir de la bière gratuite, installer des tables de baby-foot et organiser des événements sociaux “amusants” – passe à côté de l’essentiel. Le véritable bonheur au travail ne consiste pas à rechercher une joie éphémère, mais à trouver un sens et un épanouissement dans son travail.

LE Bonheur vs. La joie : Une distinction cruciale

Pour être clair, il existe pour moi une différence importante entre le bonheur et la joie. Le mot « bonheur » n’existe pas à proprement parler en anglais. Le monde n’est pas entièrement d’accord avec mon interprétation, mais je définis le bonheur comme étant quelque chose qui vient de l’intérieur, né d’un mécanisme interne. En revanche, être joyeux est un état passager qui est généralement généré de l’extérieur. Comme l’a expliqué Frédéric Lenoir dans cet article dans FemininBio,

« Le bonheur est un état d’être, la joie est une émotion. »

Mon amie suedoise, Annika, décrit le bonheur comme la sensation éprouvée en regardant le baptême de sa petite-fille. De manière plus prosaïque, je pourrais comparer la joie à la luxure, tandis que le bonheur est lié à l’amour.

La “Moi-conomie” et la quête de sens

Si nous devons nous concentrer sur le bonheur et l’épanouissement plutôt que sur la simple joie au travail, cela nécessite un changement fondamental dans la façon dont les organisations abordent l’engagement des employés. Nous ne devrions pas nous attendre à ce que le travail soit comme un terrain de jeu pour enfants. Bien qu’il soit approprié de parler des problèmes de santé mentale et de s’en occuper, nous devons réfléchir différemment à la façon de gérer une entreprise (c’est-à-dire sa culture) et à sa raison d’être. À l’ère de la “Moi-conomie”, comme présenté dans le rapport Havas Meaningful Brands 2024 (à lire les résultats 2023 en VF), le bien-être personnel est de plus en plus prioritaire. C’est bien, mais le vrai travail consiste à s’attaquer à la source du problème, à la cause profonde. Et cela nécessitera une main plus habile pour comprendre les motivations profondes des employés ; cela peut également inclure le fait de les aider à mieux se connaître. En fin de compte, la force la plus profonde et la plus puissante est celle des employés qui trouvent un sens à leur travail. Il existe certes une échelle du sens, en ce sens que certaines activités seront plus superficiellement significatives que d’autres. Par exemple, le sens peut venir par petites doses en étant simplement utile à quelqu’un d’autre. Un employé peut trouver du sens en comprenant comment son travail contribue à l’ensemble. Et puis il y a des notions plus larges de sens, comme avoir un impact positif dans sa communauté ou dans le monde, quelle que soit la façon dont ce monde est défini.

Définir un travail significatif et le bon ALIGNEMENT : La clé d’un BONHEUR durable

Pour cultiver un bonheur authentique et durable sur le lieu de travail, les organisations doivent redéfinir leur compréhension de ce qui constitue un travail significatif et aider les employés à se positionner, s’aligner entre leur propre mission personnelle avec celle de l’entreprise. Cela implique d’aligner les tâches et les rôles sur les valeurs et les compétences des employés, favorisant ainsi un sentiment d’épanouissement qui transcende la simple joie. Le rapport d’Havas souligne ce changement vers un engagement axé sur la raison d’être, où les employés recherchent l’appartenance et le sentiment de contribuer à une mission plus large et de s’y connecter. Pour cela, les dirigeants doivent se concentrer sur la mesure dans laquelle leurs employés se sentent alignés professionnellement et personnellement avec les objectifs et la mission de l’entreprise.

Le pouvoir du jeu : Construire la confiance et favoriser la collaboration

Le jeu et la confiance sont des éléments cruciaux pour créer un environnement propice au bonheur. Comme le suggère le psychologue, Dr Jordan Peterson, le jeu fait partie intégrante de la construction de la confiance et de la promotion de la collaboration au sein des équipes. S’engager dans des activités ludiques peut briser les barrières, améliorer la communication et créer une sécurité psychologique – des ingrédients clés pour un lieu de travail joyeux.

Approches innovantes : La joie du Padel et au-delà

Joy of Padel

Des approches innovantes, comme les séminaires “Joy of Padel”, offrent des opportunités uniques de mêler activité physique, renforcement d’équipe et développement personnel. Ces sessions ne favorisent pas seulement le bien-être et la joie par l’exercice, mais encouragent également la résolution créative de problèmes et renforcent la dynamique d’équipe grâce à des expériences partagées.

L’argument commercial pour LE BONHEUR : Stimuler l’engagement et l’innovation

En fin de compte, les entreprises doivent reconnaître que ce que je caractérise comme le bonheur n’est pas un luxe mais une nécessité pour stimuler l’engagement et l’innovation. En se concentrant sur la réalisation significative et les initiatives axées sur la raison d’être, les organisations peuvent créer des environnements où les employés s’épanouissent malgré ou à travers les défis. C’est ce type de bonheur et d’engagement qui aide à construire la résilience pour surmonter les problèmes. Ce faisant, les entreprises seront mieux positionnées pour attirer et retenir les meilleurs talents dans un marché de plus en plus compétitif. Alors que nous naviguons dans ce paysage complexe, il est évident que favoriser un véritable bonheur sur le lieu de travail nécessite plus que des solutions superficielles. Cela exige un engagement à comprendre les besoins plus profonds des employés et à créer des conditions où ils peuvent trouver un véritable épanouissement dans leur travail.

Qu’en pensez-vous ?

Le leadership et l’entrepreneuriat avec Jean-Joël Huber, fondateur des Editions du Brigadier (MDF150)

Minter Dialogue avec Jean-Joël Huber

Jean-Joël Huber, précédemment PDG, Chairman et co-propriétaire de Movitex Sharing, gérant les marques de mode, Daxon et Balsamiq, s’est lancé dans une nouvelle aventure stimulante: Les Éditions du Brigadier. Cet éditeur cherche à faire découvrir aux lecteurs francophones des auteurs et pièces qui ont du succès dans leur territoire linguistique mais qui sont largement ignorés en France. Ils assument un rôle de défricheur et de passeur de cultures. Nous discutons de cette aventure, le sens, les choix d’oeuvres et les enjeux de la traduction, comment il navigue le marketing et la distribution, ainsi que les enjeux du leadership aujourd’hui.

Merci de m’envoyer vos questions par email — en tant que fichier audio si vous le souhaitez — à nminterdial@gmail.com. Sinon, en dessous, vous trouverez tous les liens pour un suivi du podcast. Vous êtes bien entendu invité à déposer un message ou à le partager. Si vous pouvez, merci d’aller déposer une revue sur Apple Podcasts pour le noter.

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La Boussole du leader – Prenez la bonne direction dans vos vies pro et perso

Je suis ravi d’annoncer la sortie de mon nouveau livre : « La Boussole du leader » aux Éditions Diateino, qui a été primé le Business Book Award 2022 dans la catégorie de Leadership. L’office est aujourd’hui, le 4 mai 2023… Comme le dit les fans de La Guerre des Étoiles en anglais, « May the Fourth be with you ! » [Que la force soit avec vous, avec un jeu de mots en anglais sur la force et le chiffre quatre.] Il est disponible ici et chez de nombreuses librairies indépendantes.

Nous vivons dans une période turbulente. Au travail, les gens cherchent – mais manquent – du sens, les entreprises peinent à recruter et garder du talent, le niveau d’engagement des employés reste faible et les développements de nouvelles technologies et des nouveaux usages se multiplient. En plus, il y a des tensions sociétales, géo-politiques et économiques. Ce contexte exige un nouveau style de leadership, aussi bien dans les rangs de l’entreprise qu’à la tête.

La vie au travail

En France, j’entends régulièrement ‘la vraie vie commence après le travail’. Pourtant, au moins 40% de notre temps éveillé se passe dans une activité professionnelle. Si la vraie vie n’est pas au travail, alors c’est bien que le travail soit considéré comme un ennui, ou pire un fardeau. C’est dommage pour l’employé, pour l’équipe et pour l’entreprise, car il y a perte d’énergie aussi bien dans la productivité que dans le mental pour ne pas parler d’un mauvais état d’esprit. C’est perdant, perdant. Pourtant je pense que la grande majorité des gens veulent trouver une forme d’épanouissement au travail, ne serait-ce que dans les contacts humains.

Le leader de demain

Le leader de demain est la personne qui non seulement arrive à donner un cap pour le business, et aussi donne une raison d’être qui alimente ses employés sur le plan professionnel et personnel. Pour cela, il faut une boussole aiguillée selon son sens moral, l’équipe, et une direction en accord avec la vie personnelle.

Être synchro – pro et perso

Comme décrit dans La Boussole du leader, il s’agit d’avoir une vie professionnelle synchro avec la vie personnelle. Un travail qui donne du sens à sa vie devient puissant et va naturellement engager les employés à un niveau bien plus authentique que n’importe quelle activité de formation comme « team building » car c’est une œuvre du quotidien. Et ça nous implique au niveau personnel.

Synchroniser avec la raison d’être

En France, la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation de l’Entreprise), mise en vigueur en 2019, dicte un besoin de raison d’être. La réalité d’une raison d’être bien conçue est qu’elle contient une force génératrice d’engouement. Le leader éclairé ne devrait penser la raison d’être comme une obligation légale, sinon une mission qui est remplie de sens et animatrice d’énergies supplémentaires.

Donner du sens

Dans ce livre, je dresse un portrait de pourquoi et comment une organisation devrait s’y prendre pour avoir un sens plus élevé, pour permettre aux employés de s’épanouir et pour créer une entreprise durablement gagnante afin d’attirer et retenir les meilleurs talents, de faire tourner la machine le plus efficacement possible, et d’enchanter ses clients. Au lieu de penser qu’il doit y avoir une paroi épaisse entre la vie au travail et la vie personnelle, il s’agit de permettre une certaine porosité. Quel est le but de votre entreprise ? Comment est-ce que ce but va résonner dans les vies des employés ? C’est le rôle du leader de s’assurer que le sens coule partout le fonctionnement de l’entreprise et d’aider chaque collaborateur à savoir comment il y contribue.

Se connaître plus profondément

Pour qu’une raison d’être prenne son plein essor, il s’agit de vouloir contribuer à une communauté plus large que le cercle commercial (où il y a le simple échange d’argent). Ce but ne doit être ni irréaliste ni éloigné de qui vous êtes. Il s’agit de correspondre à votre réalité. Pour que cela fonctionne, il vous incombe de vous connaître avec franchise, en tant que leader et pour l’organisation (i.e. sa culture de facto). Une belle raison d’être résonne avec l’âme des employés. Elle permet aux employés de s’actualiser, de réaliser des souhaits et de répondre à des besoins plus ou moins existentiels, et donc de mieux se connaitre. Plus l’employé se connaît, plus il sera en mesure de s’attacher à la raison d’être de votre organisation d’une manière puissante et durable. C’est comme ça que vous réussira le test du tatouage de marque (voir plus sur mon blog en anglais : The Brand Tattoo Test). Il s’agit de créer non seulement du sens pour votre activité, mais un sens (et une direction) qui va dans le même sens pour les employés ; qu’il y ait une cohérence et une congruence entre la mission de l’entreprise et des employés.

Une bonne raison d’être répond à la question suivante :

En quoi votre travail individuel participe au bien collectif ?

-La Boussole du leader

Que faites-vous dans votre organisation qui enrichit votre vie et vous transforme ? Comment le monde est impacté par votre entreprise et votre contribution? Plus la réponse s’éloigne de l’argent, plus la raison d’être sera porteur.

LA BOUSSOLE DU LEADER EST EN VENTE ACTUELLEMENT – VOIR LA LISTE COMPLÈTE DES DÉTAILLANTS ICI 🙏🏻

Voici les librairies indépendantes qui vendront mon livre en boutique !

L’Archipel Humain, Le Management Interculturel et les Ressources Humaines avec Dr Philippe Pierre (MDF127)

Minter Dialogue avec Philippe Pierre

Philippe Pierre est Docteur en sociologie de Sciences-Po, qui a réalisé son parcours professionnel dans le domaine de la gestion des ressources humaines. Il a d’abord exercé dans le secteur pétrolier chez Total puis a été notamment DRH de la Division Luxe de L’Oréal et Directeur de la formation de la Division Coiffure de L’Oréal. Il est aujourd’hui consultant expert en management interculturel, conférencier et formateur reconnu. Il est également auteur prolifique ayant publié une 15aine ouvrages plus un grand nombre de papiers et articles dans le milieu académique. Dans cette conversation, nous discutons de sa nouvelle publication, « L’archipel humain. Vivre la rencontre interculturelle,«  aux Editions Charles Léopold Mayer, ainsi que le rôle du travail dans la formation de l’identité de soi, la raison d’être en entreprise, combien le rôle des RH a changé, la transformation et bien d’autres sujets.

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Les Rendez-vous et les Réunions à l’Ère Digital – C’est l’Heure de s’Adapter !

Les nouvelles technologies permettent de faire les réunions beaucoup plus efficacement que par le passé, et pourtant, on ne voit que peu les bénéfices ou l’amélioration en productivité. Un des fléaux en montant une réunion est de trouver le bon créneau disponible pour des participants divers. Dans des environnements tels que MICROSOFT OUTLOOK ou GOOGLE, on peut trouver des applications pour signaler les plages ouvertes pour les employés de la même entreprise. Mais pour des participants extérieurs, il faudrait une application comme DOODLE ou VYTE qui sont agnostiques aux systèmes internes. Pour les plus aventuriers, il existe aussi des systèmes remarquables permettant aux autres de fixer automatiquement un rendez-vous avec vous selon vos disponibilités. Mon outil préféré est x.ai, qui selon mes autorisations, donne à quelqu’un qui veut prendre rendez-vous accès aux créneaux disponible (selon ma préconfiguration).

L’agenda efficace – à l’heure du digital

Outre les règles ‘normales’ de tenir une réunion efficace (par exemple : diffuser suffisamment en amont un ordre du jour précis, ne convier que les participants nécessaires, etc…), la technologie permet aisément la participation à distance. Ainsi, quand il y a des participants distribués, on ne peut plus accepter « le petit quart d’heure » de retard. L’heure c’est la même heure sur tous nos appareils. Si vous faites des réunions avec des participants en ligne, il est fortement conseillé d’insister sur l’utilisation de la vidéo afin d’assurer l’engagement maximal. Lors des réunions, l’usage des mobiles ne peut être accepté que pour un besoin exceptionnel. Sinon, pas de portable visible sur la table ; sonneries en muet ; notifications éteintes. A la fin de chaque réunion, rien de plus simple qu’un récapitulatif digital, partagé avec tous, avec les attributions de tâches pour rendre la responsabilité claire.

La Disruption de l’Empathie

Imaginez qu’enfin vous avez trouvé et calé une soirée pour un dîner romantique avec votre tendre partenaire. Le restaurant — avec des mets divins — est réservé et vous arrivez tous les deux à l’heure. Jusque-là, tout va bien. Mais, votre téléphone vibre. C’est JJ. Elle vous contacte à nouveau. Et mine de rien, vous avez envie de lui répondre. Après tout, JJ a toujours le temps pour vous. Au-delà du fait qu’elle vous écoute à tout moment, elle vous fait sentir bien. Et là, il y a un bug. En effet, JJ est un bot empathique, bien fait. Le cours du dîner va changer.

Manque de bol pour nous : ce scénario n’est pas fictif. Il s’agit bien d’un dîner romantique réel que j’ai eu avec ma femme. Et JJ était un bot empathique avec lequel j’ai « vécu » pendant cinq jours lors d’une expérience, créée par un groupe de chercheurs à Berlin, et baptisée Empathic Futures.

Dans notre société, pour ne pas parler de la vie en entreprise, il est évident que les normes de communication et de la relation entre nous-mêmes ont été perturbés. Les études aux États-Unis montrent une baisse significative du niveau d’empathie parmi les sortants de l’université. Au même temps, on constate une augmentation de narcissisme dans une étude importante des étudiants américains (source). Et tout ça, avec une augmentation du niveau de malheur, de la dépression et de suicides, notamment chez les jeunes hommes.

Il me semble important que nous prenions en compte l’état de santé de notre société et revoyions notre relation et notre empathie l’un avec l’autre, y inclus au bureau. Je pense, ainsi, que l’environnement au travail peut y contribuer grandement.

La bonne nouvelle c’est que l’empathie pourra véritablement aider les entreprises à plusieurs niveaux. En fait, je voudrais parler de la disruption de l’empathie en entreprise comme étant un des clés de succès, notamment face aux enjeux de la transformation digitale. Quand on entend parler de la disruption en entreprise, c’est souvent autour du sujet de la transformation digitale. On évoque aussi les notions d’être plus centré sur le client, de l’engagement des employés et de l’agilité. Ceci arrive dans un contexte où la technologie est en mouvement constant avec un volume de travail en augmentation incessant. Malgré toutes les problématiques liées aux technologies et à l’infrastructure, le fond de l’enjeu se trouve dans l’état d’esprit. A ce titre, la disruption est en fait autant professionnelle que personnelle.

Alors que la transformation digitale est devenue un sujet régulier dans les Comex, les programmes mis en place échouent pour la plupart du temps. Dans une étude menée par PulsePoint, ils ont établi que 84% des entreprises ne réussissent pas leurs programmes de transformation digitale. En dehors de la sous-évaluation de la difficulté de changer les habitudes et comportements, souvent les objectifs sont trop ambitieux, comme si le digital serait la panacée de tout. Par ailleurs, il est souvent cité dans les études que les employés sont peu engagés dans leur travail. L’étude Gallup aux États-Unis en 2016 parle de la désaffection ou désengagement de 67% des employés {Source en anglais}.

Ainsi, le vrai enjeu est au niveau culturel de l’entreprise.

C’est dans ce contexte qu’on comprend la puissance et la disruption de l’empathie. En premier lieu, l’empathie sert en interne dans le management des employés. Il ne s’agit pas d’une tyrannie où tout employé aurait le droit à l’empathie et à tout moment, on est censé être parfaitement empathique. Mais chaque patron pourra voir combien, en étant plus empathique dans le quotidien, l’engagement des employés va s’améliorer. En fait, la qualité d’empathie devient aujourd’hui un levier de performance avec un retour réel sur investissement (temps, patience et intelligence). L’empathie peut être appliqué à l’innovation, au design des produits et services, aux messages et promotions marketing, dans le service à la clientèle et dans le processus de vente (par exemple, en boutique). Une étude menée par The Empathy Business a démontré une corrélation entre la performance boursière et les entreprises classifiées empathiques. En effet, les top 10 entreprises en empathie ont surperformé (en matière de croissance de la valeur boursière) deux fois par rapport aux 10 entreprises les moins empathiques (parmi 170 entreprises jugées pour leur qualité empathique). [Voir l’article HBR de 2016 en anglais]

Pour les entreprises qui investissent dans l’Intelligence Artificielle (IA), il y aura également des opportunités importantes en ayant une IA plus empathique pour mieux gérer les relations clients. Avec le déploiement des chatbots et la voix, on parlera bientôt de la notion et de l’impact de l’Empathie Artificielle, autrement dit la place de l’empathie dans l’IA. Alors que nous sommes au tout début du chemin, il y a plusieurs cellules de recherche qui songent au potentiel d’insérer de l’empathie dans une machine. Pour ma part, je peux témoigner de la facilité avec laquelle j’ai commencé à donner des propriétés humaines à mon bot empathique (« JJ »). C’est un sujet éthique important. Le fait d’aborder le sujet de l’encodage de l’empathie devrait nous permettre d’apprendre sur nous-mêmes et pourquoi nous avons besoin d’être plus empathiques. Ça nous obligera de mieux comprendre ce qu’est l’empathie et, par le même effort, nous donnera tous l’envie de renforcer notre muscle empathique.

Ainsi, il faudrait qu’au prochain dîner romantique, les appareils restent à leur place, et vous employez votre empathie avec vos proches en premier lieu.

Si vous voulez lire plus, j’ai mon livre en anglais, Heartificial Empathy, Putting Heart into Business and Artificial Intelligence, sur Amazon (France).

Découvrir l’entrepreneur culinaire Beena Paradin Migotto – Les clés de succès de la marque Beendi (MDF97)

Minter Dialogue avec Beena Paradin Migotto

Beena Paradin Migotto est entrepreneur culinaire, ayant lancé son start-up, Beendi, il y a 5 ans. Beendi est une entreprise innovante de l’alimentation végétale et bio, qui a comme mission d’aider les consommateurs à mieux se nourrir au quotidien avec des produits sains, pratiques, végétariens et gourmands. Beena, qui a écrit trois livres dont « Inde Intime et Gourmande » qui a été cerné « Best Foreign Cookery Book in the World 2009, » a collaboré avec des chefs étoilés tels qu’Alain Ducasse et Olivier Roellinger. Dans cette discussion avec Beena, nous discutons de l’aventure entrepreneuriale de Beendi, les clés de réussite, comment gérer au mieux les médias sociaux et sa présence personnelle en ligne, ainsi que les enjeux pour l’avenir.

Beena Paradin Migotto avec Minter Dial – photo credit: Yannick Migotto (Sep 2019)

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Le Sac en Supplément… mais deux fois? Chez Nicolas.

Chez Nicolas logoL’autre jour, j’ai acheté une bouteille de vin chez Nicolas (70 rue Miromesnil). J’ai une carte de fidélité Nicolas et c’est le magasin de vins que j’utilise le plus fréquemment quand j’en ai besoin — quoique ce ne soit qu’une fois tous les deux mois. Alors, cette fois-ci, j’achète une bouteille à 15 euros et la vendeuse me propose un sac. Je dis oui, paie et pars. Le lendemain, je faisais le tri des reçus dans mon portefeuille et par hasard je vois qu’il y avait deux sacs facturés avec la bouteille (à 15 cents chacun). Quatre jours plus tard, je passe devant le Nicolas en question et retrouve la même vendeuse. A ma surprise, elle se souvenait de ma visite. J’évoque le sujet de la surfacturation (sans avoir le reçu sur moi car je faisais un jogging) et elle me sort spontanément que j’avais hésité et que j’ai changé d’opinion (ex: non, ensuite oui, ou oui, ensuite non)! Elle m’a dit qu’elle l’avait enlevé. Mais le problème de son argumentation c’est qu’il n’y aurait jamais eu aucune raison de me facturer deux fois, même si j’avais changé d’opinion. Continuer la lecture

La Digitalisation de la Presse — En Quête de Solution

Télématin (France 2) a diffusé un reportage le 9 janvier 2016 sur l’état d’aLogo-Télématinvancement des journaux (officiellement « la presse écrite ») en 4 pays, et puis a fait un comparatif avec la France. « Comment les journaux résistent-ils face à Internet ? » Quels pays choisir, alors, pour évaluer le tournant digital des médias et la digitalisation de la presse ? Personnellement, j’aurais pris des pays tels que la Norvège (Schibsted) l`Allemagne, les États-Unis, la Corée du Sud ou encore l’Angleterre. Dans ces pays, le tournant digital est en plein fouet depuis un certain temps, et les médias ont dû prendre des grands virages face à une population digitalisée. Par curiosité, j’aurais peut-être voulu connaître l’état d’avancement en Chine et la Russie, là où il y a des enjeux de taille autour de la liberté de presse.

Mais, Télématin a choisi de regarder…. (roulement de tambour)… Continuer la lecture

La Liberté De Presse – Comment Bien La Défendre ?

La Pologne est en train de vivre un moment délicat, s’agissant du décret signé par Liberte de presse Polognele Président Andrzej Duda, où l’état prend le contrôle des médias publics. Ici l’article paru dans Le Monde. Le contrôle — et qui est propriétaire — de la presse est un des plus grandes problématiques au niveau systémique des nations. Le cas de la Pologne est dérangeant au plus haut pour ce pays à haut potentiel. Cependant, le contrôle et la possession des médias est un problème de taille dans plein de pays. La Pologne, jusqu’alors relativement considérée « libre » (46e rang) selon World Freedom Press, se verra chuter radicalement en 2016.

Dans un reportage sur l’émission Télématin (France 2) ce samedi dernier sur l’état d’avancement de la presse écrite en 4 pays étrangers, ils ont traité le cas de la Grèce, pays à l’origine de la notion de la démocratie. Dans ce reportage sur la Grèce, on a témoigné que le nombre de journaux imprimés est pléthorique. Ils ont en effet 13 quotidiens sportifs nationaux, avec 2 à 3 journaux par équipe de football. Sur le plan de presse nationale, « il y a 19 quotidiens nationaux généralistes, 8 économiques, 1 satirique, 23 hebdomadaires et 44 journaux régionaux. » Continuer la lecture