Minter Dialogue avec Camille Huyghues Despointes
Dans cet épisode, je discute avec Camille Huyghues Despointes, une entrepreneure française passionnée. Nous explorons son parcours atypique, de ses débuts dans le théâtre à ses diverses entreprises dans l’éducation et le divertissement. Camille partage ses insights sur l’entrepreneuriat, l’équitation et sa nouvelle aventure dans le monde du padel. Nous abordons l’importance de la résilience, de l’apprentissage par le jeu et de la confiance en soi dans le sport comme dans les affaires. Camille révèle également les coulisses de Pango Sports, une nouvelle application pour les joueurs de padel qu’elle co-fonde. Son enthousiasme contagieux pour l’innovation et sa capacité à tirer des leçons de chaque expérience font de cet épisode une source d’inspiration pour les entrepreneurs en herbe.
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Crédits pour la musique : Le morceau au début est grâce à mon ami Pierre Journel, auteur de La Chaîne Guitare. J’ai également une chanson que j’ai co-écrite avec mon amie à New York, Stephanie Singer: « A Convinced Man. » Celle-ci a été écrite et enregistrée dans les années 1980 (d’où la qualité dégradée de mon enregistrement).
Transcription de la conversation par Flowsend.ai
Minter Dial : Camille, écoute, ravie de t’avoir sur mon podcast. On se parle beaucoup, mais pour les gens qui ne connaissent pas, Camille Huyghues Despointes, qui es-tu ?
Camille Huyghues Despointes : Moi, je suis Camille Huyghues Despointes. Je ne sais pas qui je suis, j’ai envie de dire. Je suis une femme entrepreneuse française, maman de trois enfants. J’adore les animaux et j’adore monter des projets from scratch.
Minter Dial : C’est génial. Et dans les projets, puisque je connais un tout petit peu, tu as quand même fait plein de projets. Parle-nous un peu de tes projets que tu as faits par le passé et qu’est-ce que tu en as tiré de ces expériences ?
Camille Huyghues Despointes : Alors d’abord j’ai un parcours un peu atypique parce que je n’ai pas fait une école de… je n’ai pas fait d’école de commerce, j’ai une licence d’art du spectacle.
Minter Dial : C’est chouette.
Camille Huyghues Despointes : Et j’ai découvert l’entreprenariat et les projets juste parce que j’avais des idées et des envies. Ça m’est toujours arrivé un peu comme ça. Dans la vie on dit toujours que tu ne sais jamais qui choisit quoi. Si c’est les projets qui te choisissent ou si c’est toi qui les choisis. J’ai tendance à penser que c’est les projets qui choisissent plutôt que l’inverse. Et j’ai travaillé pas mal en éducation. J’ai commencé comme ça parce que j’étais inspirée par mon quotidien et par l’éducation, par mes enfants qui grandissaient. Donc les premières boîtes que j’ai montées, je les ai montées en faisant ce qu’on dit très bien des entrepreneurs, comment tu identifies un problème et comment est-ce que tu as envie de le régler. Donc moi, je n’ai pas… déroger à cette règle et j’ai fait exactement ça. J’ai monté un premier projet qui n’est jamais sorti de l’eau, qui s’appelait Le Petit Théâtre de Pénélope. Pénélope, c’est le nom de ma fille ainée, et qui faisait des pièces de théâtre. C’était une série qui permettait aux familles et aux enfants de monter des pièces de théâtre, que tu sois deux dans une chambre en petite fratrie ou lors de grandes cousinades ou de grands routes avec des copains et des enfants. L’idée, c’était d’adapter des contes et de pouvoir permettre aux enfants de monter des spectacles comme ils adorent faire tout le temps avec des billets, des pièces, des indications de costumes, la pièce écrite et tout ça. Mais le premier qu’on avait adapté, c’était Le Prince et l’agronome.
Minter Dial : Je me disais, en fait, que je voulais te demander combien le spectacle t’aurait influé ou t’a accompagné, aidé dans tes entreprises. Mais là, je vois tout de suite, évidemment, assez proche du métier.
Camille Huyghues Despointes : Oui, tout à fait. J’ai toujours fait du spectacle et je crois que les deux fils rouges dans ma vie, c’est ça, sûrement. je vais dire l’expérience client, c’est-à-dire le fait que les gens aient du plaisir à utiliser ce que je produis, et la gamification, parce que je suis persuadée qu’on apprend beaucoup plus quand on prend du plaisir à faire les choses.
Minter Dial : C’est-à-dire la gamification, pour moi, c’est une histoire d’être… retrouver son enfant, l’enfant en nous.
Camille Huyghues Despointes : Oui, c’est ça. C’est ce que dit Saint-Exupéry. Saint-Exupéry dit que peu d’entre nous se souviennent qu’ils ont été des enfants. alors qu’on a tous été des enfants.
Minter Dial : C’est fou.
Camille Huyghues Despointes : Je crois que je m’en souviens.
Minter Dial : Après celui-là sur le spectacle pour les enfants qui n’est pas sorti, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Camille Huyghues Despointes : Ensuite, j’ai monté une boîte qui s’appelait Viens jouer à la maison et qui faisait des ateliers ludo-éducatifs pour les 0-10 ans. C’était des boutiques et ateliers qu’on a développé en franchise. Là, c’était des espèces de centres où il y avait des activités de théâtre, de cirque, d’éveil musical. des bouteilles d’anniversaire, plein d’activités pour les zéro-dix ans. Et qu’on avait développé en petite boutique-atelier qu’on développait dans les centres-villes et dans les centres commerciaux.
Minter Dial : Encore du spectacle ?
Camille Huyghues Despointes : Encore du spectacle et du jeu. On avait développé 4000 pages de contenu pédagogique. Et c’était super parce qu’on créait plein de jeux, on inventait plein de jeux, avec toujours cette notion de se dire qu’est-ce qu’en jouant on va apprendre ou qu’est-ce qu’on va apprendre en jouant, mais toujours avec cette même philosophie.
Minter Dial : Ce qui est fou, et puis je voudrais que tu partages un peu ton ressentiment, mais le jeu, en anglais j’utilise le mot « play », et ce côté ludique, le jeu, je trouve que c’est extrêmement important et extrêmement manquant notamment chez les adultes, et j’ai envie de dire encore un peu plus, ça c’est mon ressenti, en France.
Camille Huyghues Despointes : Alors c’est vrai, c’est vrai, c’est redevenu un peu tendance le jeu. Mais il y a quelques années, les adultes ne jouaient pas beaucoup. Et d’ailleurs, dans les petites anecdotes rigolotes, comme j’ai organisé plein de jeux, Comme j’organisais plein de jeux et je créais avec la direction pédagogique plein de jeux pour les enfants, tous mes copains me disaient mais vraiment c’est nul parce que nous tu ne nous fais pas jouer. Et j’ai fini par organiser à la maison une fois par mois des soirées jeux où tout le monde venait pour jouer. On faisait des jeux de société, on faisait des jeux de groupe, on faisait du tir à l’arc dans le salon, avec… enfin bon bref, on faisait… on jouait, quoi. Et j’avais réorganisé ça pour mes cercles d’amis.
Minter Dial : Chouette. Donc, encore une fois, un besoin, peut-être moins un problème, on va dire, mais une solution. Et après, qu’est-ce que t’as fait ?
Camille Huyghues Despointes : Après, j’ai vendu cette boîte à un grand groupe français. et en disant à mon mari que je n’aurai plus jamais d’idée de boîte.
Minter Dial : Never say never !
Camille Huyghues Despointes : Voilà, il m’a exactement dit ça. Il m’a dit, écoute, je pense qu’on en reparlera dans 18 mois. Voilà, et 18 mois plus tard, 18 mois plus tard, je fais face à un nouveau caillou dans ma chaussure, comme on dit, qui était que je voulais envoyer ma fille à l’étranger et je trouvais qu’on avait On ne s’était pas du tout intéressé au sujet de… En fait, on avait révolutionné le voyage avec des modèles comme Airbnb, des modèles beaucoup plus authentiques et tout ça. Mais le voyage des enfants à l’étranger, notamment pour qu’ils apprennent les langues, c’était un modèle qui n’avait pas changé depuis 50 ans. Et à ce moment-là, dans le groupe où j’étais, je me suis dit, mais pourquoi est-ce que moi, je n’envoie pas ma fiche chez un collaborateur ? de ce grand groupe, je me suis dit en fait ce truc c’est une idée de boîte et puis j’ai quitté cette boîte et j’ai monté une start-up qui s’appelait World is a Village et qui était une forme de Airbnb des singes en linguistique. Ça, c’était une aventure incroyable.
Minter Dial : Et le World is a Village, c’est une idée souvent, the world is small.
Camille Huyghues Despointes : Ouais.
Minter Dial : Mais quand il s’agit de trouver un endroit pour envoyer tes enfants, il faut avoir confiance dans l’autre et c’est difficile de gagner cette confiance. Donc comment est-ce que tu as géré cet aspect de gagner confiance pour envoyer ton enfant chez les étrangers ?
Camille Huyghues Despointes : C’est une très bonne question, surtout qu’il faut se remettre quelques années en arrière. Je pense qu’aujourd’hui le problème n’est pas du tout le même au sujet de la confiance. Parce qu’avec les outils technologiques qui ont été développés après le COVID, la confiance dans les visioconférences et tout ça, il faut juste se rappeler que World as a Village, c’était avant le COVID et qu’on commençait à faire des visios, mais ce n’était pas du tout aussi commun que celle d’aujourd’hui. Je me permets quand même de dire ça. Et il y a plein d’outils technos, notamment sur les validations d’identité et tout, qui commençaient à sortir, mais c’était le tout début. Donc nous, on avait décidé de valider la confiance justement parce qu’on passait par les entreprises, donc des groupes internationaux, des écoles, en fait, valider. C’était un modèle B to B to C, donc on bossait avec des B qui prenaient un même Burphee. C’était ce qu’on appelait un avantage pour les sociétés. C’était un avantage pour les collaborateurs. Et quand les sociétés étaient membres de World as a Village, les collaborateurs avaient accès à l’ensemble à l’ensemble des familles de World as a Village. Ça permettait de valider que les familles existaient déjà puisqu’elles travaillaient, et qu’à priori c’était des familles « normales », puisqu’elles allaient travailler tous les jours dans l’entreprise et qu’on savait qui elles étaient. Elles étaient reconnues par les pères, donc on avait créé la confiance par les pères.
Minter Dial : Ça, ça a beaucoup de sens, puisqu’à partir du moment où ils travaillent dans une boîte, ils arrivent à 9h ou 9h30, ils repartent à 20h. Ils sont normaux parce qu’ils savent tenir un job. Alors, comme j’avais dit au tout début, on m’a demandé, c’était qu’est-ce que tu en as retenu de toutes ces expériences, de toutes ces différentes entreprises que tu as lancées ? Où est-ce que tu en es par rapport à ça, Camille ?
Camille Huyghues Despointes : J’en ai retenu… Plein de choses, mais vous m’avez retenu que je crois qu’on ne se refait pas tellement et que moi, j’aime bien créer des entreprises, que ce n’est pas toujours facile. Ça ne marche pas à chaque fois. J’en ai peut-être aussi retenu ce que j’aimais bien faire et mes key learnings des fois d’après, donc j’ose à penser que je m’améliore à chaque fois. Il y a quelque chose que je pourrais peut-être dire aussi, c’est qu’on a tendance à dire que les entreprises, alors nous les femmes en particulier, que ce sont nos bébés, et je déteste cette expression, donc j’en ai retenu que ça n’est surtout pas ça. Nous, quand on est une femme, on nous dit souvent « mais tes entreprises, comme tu bosses beaucoup et tout, c’est un peu comme ton bébé ». Pas du tout, voilà. Ce n’est pas du tout le même. Si on plante une boîte, on ne perd pas son enfant, voilà. Donc, j’ai retenu que ce n’était pas une expression que j’aimais, voilà. et que je pense que c’est juste des ajustements et des petits ajustements qu’on fait à chaque fois, surtout.
Minter Dial : Dans cette notion, c’est pas mon bébé. Il y a l’appartenance, l’engagement, la responsabilité. Et si j’ai bien entendu, c’est qu’en fait, la perte d’un startup, ça n’a rien à voir. Et donc, c’est dans cela que c’est pas ton bébé. Tu as quand même l’engagement, tu as le côté, ça m’appartient, j’en suis responsable, je m’engage à fond. Mais prenons un peu de recul, c’est juste une start-up, c’est juste à ce niveau-là.
Camille Huyghues Despointes : Exactement, c’est exactement ça. Les Américains le gèrent beaucoup mieux que les Français.
Minter Dial : Généralement, on dit que les Américains gèrent mieux le risque, mais est-ce qu’il y a un lien ?
Camille Huyghues Despointes : L’échec.
Minter Dial : Oui, l’échec. Ça veut dire que les Américains prennent de la distance par rapport aux échecs mieux ?
Camille Huyghues Despointes : Ouais, je pense. Parce que je pense que les Américains, ils ont une phrase formidable qui dit « nothing personal », que les Français n’ont pas du tout, et que l’échec, elle est rattachée, elle est beaucoup plus émotionnelle chez les Français ou dans les pays latins que dans les pays anglo-saxons.
Minter Dial : Ce qui est marrant, c’est que dans.
Camille Huyghues Despointes : Les startups, on dit très souvent qu’aux États-Unis, si vous n’avez pas planté deux boîtes, on ne vous prête pas d’argent. Alors qu’en France, si tu as planté une boîte, on ne te prête pas d’argent, c’est exactement l’inverse.
Minter Dial : Ce qui est marrant, c’est que la notion de la résilience demande quelque part des échecs, des épreuves, de la difficulté pour savoir jusqu’où je peux aller. Et je me dis que dans la société, il y a aussi un manque de résilience aujourd’hui, en tout cas dans les chiffres de santé mentale, la capacité de rebondir après l’échec, des gros problèmes, ça paraît difficile.
Camille Huyghues Despointes : Je pense qu’il faudrait qu’on apprenne plus souvent à relativiser l’échec. et que l’échec, on en vit tous les jours des petits échecs aussi, et que ça ne tue pas. Je pense qu’on est dans des sociétés où, ce n’est pas pareil d’un pays à l’autre, mais je pense qu’on est dans des sociétés où la relation à l’échec, on en fait quelque chose de personnel et que ça ne devrait pas, parce qu’au contraire, elle force la résilience, l’apprentissage, le fait de grandir à titre perso et humainement, et puis aussi dans son environnement.
Minter Dial : Alors, ce qui est marrant dans cette conversation, ce que ça me fait penser, c’est que moi, à titre professionnel, j’ai souvent parlé en fait de le branding et personnel. Car quand on me disait « ne le prends pas personnellement », quand quelqu’un dit « t’es à chier », ne le prends pas personnellement. Comment ? Et j’ai envie de dire aussi que dans beaucoup d’entreprises, beaucoup de boîtes n’ont pas l’engagement de leurs employés parce que justement, ils ne le prennent pas personnellement. Ils arrivent à 9h, ils repartent à 17h, ils s’en foutent du reste. Et j’ai envie de dire que là-dedans, un des gros problèmes, c’est de ne pas se connaître. Parce qu’à partir du moment où tu ne te connais pas, tu ne peux pas le prendre bien personnellement, ou on va dire honnêtement à toi, parce que tu ne te connais pas. Donc, soit tu le fais et c’est faux, donc tu t’engages dans un truc, mais en fait, tu t’éloignes de qui tu es par un espèce de passion, mais passion détachée de qui tu es, ta réalité. Et d’autre part, tu vas au boulot et tu t’en fous. Je ne suis pas engagé parce qu’en fait, je ne gagne rien. Je ne me sens pas.
Camille Huyghues Despointes : Quand tu me dis ça, ça me fait penser à trois trucs. Le premier, c’est les sujets de communication non violente dont on parle pas mal. Je fais un peu de coaching. Quand on te dit « t’es à chier », ce n’est pas de la communication non violente. Là, en effet, c’est une attaque personnelle, donc c’est compliqué de ne pas le prendre personnellement. En réalité, ça ne devrait pas avoir lieu dans un espace de travail. Le monde étant ce qu’il est, ça arrive plus souvent qu’on ne voudrait, mais ça arrive. Ça, c’est la première chose. La deuxième chose, c’est que je pense qu’il faut faire une différence entre le sujet de l’engagement, et du sens que les entreprises donnent et que le management donne aux entreprises, aux collaborateurs. Et ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas être engagé, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas se donner à fond, mais une fois qu’on s’est donné à fond et qu’on a été au bout du truc, on a déjà fait beaucoup finalement. Il y a une phrase que j’aime beaucoup qui est « tu fais ce que tu peux » et c’est déjà beaucoup, à condition que la première partie de la phrase qui est « tu fais ce que tu peux » tu le fasses vraiment ce que tu peux, c’est-à-dire le max de ce que tu peux donner.
Minter Dial : L’effort.
Camille Huyghues Despointes : L’effort, exactement. Et c’est très différent de cette phrase commune en France qui dit l’important, ce n’est pas de gagner, c’est de participer. C’est pas pareil parce que moi, je pense que quand on participe, il faut tout donner et il faut aller au bout de soi, au bout des choses, au bout de son engagement, il faut tout donner. Après, si on gagne, on gagne, et si on ne gagne pas, on ne gagne pas. On a tout donné, on a fait ce qu’on pouvait, et c’est déjà beaucoup.
Minter Dial : Je sais que tu avais une troisième chose à dire, mais dans Saint-Exupéry, il a dit « Je gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. » Tu aimes les citations. « Je gagne, je gagne, je gagne. » C’est quoi gagner ? Et l’idée qui, pour moi, est venue des États-Unis, souvent, ce que tu viens de dire, c’est que tu es arrivé 19e sur 19, bravo ! Parce que tu as participé, tu reçois une médaille. Peut-être si tu t’es vraiment donné à fond et tu es arrivé 19e, ça peut arriver. Mais l’idée de donner juste à la va-vite parce que tu as participé, sans vraiment avoir une récompense ou un lien par rapport à ton effort, l’exercice.
Camille Huyghues Despointes : Donc la troisième chose, La première, c’était la communication non-violente. La deuxième chose, c’était le sujet de l’engagement. Et la troisième, c’est la relation à l’échec. Et pour moi, c’est encore autre chose. Et ça, c’est quelque chose qu’on n’apprend pas tellement. En tout cas, par exemple, à l’école, c’est quand même quelque chose de compliqué encore, alors que c’est quelque chose qu’on apprend régulièrement quand on fait du sport, par exemple, en compétition. Et ça, je pense que c’est un vrai atout dans la vie quand on a fait… Moi, j’en ai fait un peu en équitation. Et ça, je pense que c’est un vrai atout dans la vie de manière générale de faire de la compétition dans un sport ou de faire un sport de manière… relativement assidu.
Minter Dial : Alors, je te connais avec tes enfants, avec JB, et donc ça c’est une partie de l’éducation. C’est vrai que l’éducation, pour moi, doit comprendre des choses qui sont de l’ordre personnel, c’est-à-dire comment tu parles en public. du théâtre, du spectacle, et du sport, le débat, tout ça, ça devrait faire partie d’une vraie éducation qui n’est pas la pelle passerelle par rapport à l’équitation. Parce qu’on aurait pu parler du joli Eugène, ton chien, Quand on s’est rencontré Camille, une chose qui m’a beaucoup marqué, c’était ton engagement vis-à-vis de l’équitation. Qu’est-ce que tu en as appris ? Raconte-nous comment tu es arrivée, rentrée dans l’histoire de l’équitation.
Camille Huyghues Despointes : J’ai commencé quand j’étais toute petite. Je ne sais pas bien comment… J’ai commencé parce que j’étais toute petite et que je voulais faire du poney, je pense, comme plein de gens. Ça, je ne me souviens pas trop. Mais je me souviens qu’ensuite, j’étais ultra mordu. Et que l’équitation, dans la construction de ma vie et de qui je suis, je pense que ça fait beaucoup. La relation avec le cheval, la relation avec la compétition. L’équitation, c’est un sport formidable parce que le cheval, c’est un… m’apprenant, humain, incroyable, ma relation avec l’annuel. Moi, je dis toujours, c’est un peu bateau et les enfants se foutent de moi à chaque fois. Je dis toujours que l’équitation, c’est le seul sport individuel par équipe. Parce qu’aux Jeux olympiques, c’est un sport individuel, l’équitation, sauf que vous avez quand même deux êtres vivants qui doivent faire une sacrée belle équipe pour aller s’enfiler des parcours à 1m60 ou faire des reprises de dressage. Et évidemment, il y a… Il y a un être vivant en dessous de vous qui fait 800 kg. C’est là qu’on apprend que la relation de force, par exemple, n’est pas utile de manière systématique. En fait, on apprend plein de choses en équitation, et moi, ça m’a beaucoup appris, notamment sur les sujets de résilience et de remise en question.
Minter Dial : Oui, on dit souvent que si tu tombes, tu te remets.
Camille Huyghues Despointes : Exactement. Déjà, ça, c’est la base. Quand tu fais un parcours et que tu fais une barre, ce n’est pas souvent de la faute du cheval, c’est quand même souvent de la faute. Ça serait facile de se dire que c’est de la faute du cheval. Il y a une analogie avec le tennis. Ça arrive que certains tennis players, joueurs de tennis, quand la balle part dans le filet, regardent la raquette.
Minter Dial : Ça me fait toujours rire.
Camille Huyghues Despointes : C’est hyper drôle. L’équitation c’est la même chose, donc ce serait facile de blâmer le cheval. Quand même souvent, le cavalier est pour beaucoup et ça demande de retourner, et puis on a un être vivant en dessous de soi qui ressent tout en plus, le cheval il ressent beaucoup de choses, en termes d’émotions, de stress, puis lui aussi il a ses émotions, ses stress et plein de choses. C’est une relation vivante, c’est une relation incroyable, la relation avec le cheval.
Minter Dial : Alors, quand tu abordes un cheval pour la première fois, j’ai envie de dire Pour l’humain, parce qu’on est comme ça, on anthropomorphise tout, mais combien est-ce que c’est un peu similaire à la première fois qu’on rencontre un être humain ? Quels sont les parallèles entre la première rencontre que nous on connaît et que toi tu as connue avec tes chevaux ?
Camille Huyghues Despointes : Je dirais déjà que le cheval il ne juge pas. Quand tu rencontres un cheval, il a un truc formidable. Pour le coup, lui, c’est qu’il te prend comme tu es, dans l’humeur dans laquelle tu es. Alors, ils ont aussi leur tempérament, les chevaux, évidemment. Mais moi, je dirais, par exemple, que ma jument… Déjà, quand t’arrives, t’es obligé de tout poser. T’es obligé de tout poser avant d’arriver dans… Tu peux pas monter à cheval, et avoir tes soucis de boulot. En fait, il faut que tu sois disponible.
Minter Dial : Il faut que je sois présent.
Camille Huyghues Despointes : Exactement. Et elle, elle va te prendre comme t’es. Et tu peux commencer des sessions où t’es super tendue et finalement, soit elle est de mauvaise humeur et elle va se tendre aussi, ou au contraire, elle va se dire, t’inquiète, ça va bien se passer, je suis là, regarde, enjoy, profite du moment. Et après, le vrai luxe que j’ai eu la chance d’avoir plusieurs fois dans ma vie, c’est d’avoir ton cheval. Parce que quand tu montes sur un cheval de club ou juste pour une balade, tu n’as pas de relation. Ce n’est pas comme une mobilette, mais ce n’est pas loin. Quand tout d’un coup, tu as un cheval que tu vas voir tous les jours, toutes les semaines, avec qui tu as une vraie relation, tout d’un coup, tu développes vraiment une relation interpersonnelle avec ton cheval. Tu connais ses mimiques, tu connais ses petits mouvements de stress. C’est tout ton non-verbal qui est ultra développé. Et ça marche, je pense, dans les deux sens. C’est-à-dire que lui, il te voit arriver du bout de l’allée et il te reconnaît à la manière dont tu marches. Donc, ça fonctionne dans les deux sens. Donc, ça développe aussi cette partie de toi qui est tout ton non-verbal, que tu n’as pas forcément besoin de lui parler pour se comprendre.
Minter Dial : Penses-tu que l’idée de ne pas avoir de jugement soit quelque chose d’utile pour nous ?
Camille Huyghues Despointes : Je pense qu’on ne saurait pas en avoir. Je pense que parfois, d’arriver avec un a priori neutre, C’est aidant, mais c’est très compliqué parce qu’on a plein de biais cognitifs. De toute manière, on arrive déjà avec un biais cognitif.
Minter Dial : En tout cas, d’être au courant de ce biais, ça revient pas loin du même concept, c’est-à-dire je peux au moins être au courant et neutraliser quelque part ce biais ou être présent avec le biais.
Camille Huyghues Despointes : Oui, mais tu vois le cheval quand il te voit, lui il te prend comme tu es, de bonne humeur, de mauvaise humeur, peu importe, il te prend comme tu es. Et ça, c’est quand même dans la vie finalement assez rare. On te prenne comme tu es, avec l’humeur que tu as, sans jugement de rien.
Minter Dial : Et alors juste pour terminer sur l’équitation, parce qu’il y a quand même un autre sujet que que je voulais parler avec toi. C’est ta compétition, parce que tu as concouru dans beaucoup de compétitions. Raconte-nous peut-être le moment fort ou peut-être le moment plus dur que tu as expérimenté et qu’est-ce que tu en as retenu de cette expérience dans la compétition d’équitation ?
Camille Huyghues Despointes : Alors, ça, c’est un vrai petit secret de moi-même. Je pense que la compétition en équitation… D’abord, chacun le vit un peu différemment. En fait, c’est très marrant. Je vais dire deux choses. Je vais dire ça et je vais dire le fait que j’ai découvert ce nouveau sport, comme tu le sais, qui est le padel. Ce qui était très intéressant, c’est de voir à quel point les deux sports se sont nourris l’un l’autre. Parce qu’au padel, ça m’a appris. Le padel m’a aussi appris. à relativiser certaines choses que je n’arrivais pas du tout à relativiser en équitation. Et certains défauts que j’avais en équitation se sont retrouvés être les mêmes au cadavre. Et donc, c’est très étonnant parce que la réalité, c’est que quand on fait du sport, ce n’est pas que des compétences physiques et il y a beaucoup, beaucoup de choses qui se passent dans la tête. Je crois qu’on ne mesure pas assez à quel point ce qui se passe dans la tête impacte la performance physique. Alors, quand je dis ça, on ne mesure pas à quel point. Évidemment, les sporteurs de haut niveau, eux, le mesurent parce que c’est leur boulot, mais en amateur que je suis, je crois que c’est quelque chose qu’on ne mesure pas du tout assez. Donc, pour revenir et pour répondre à ta question, l’émetteur, Je dirais que j’ai arrêté l’équitation pendant 18 ans et puis après j’ai recommencé et j’ai recommencé à faire de la compétition avec une jument extraordinaire que j’adore. Et ce que je dirais, c’est que quand j’ai commencé à faire les championnats de France, j’ai fait deux saisons où j’ai toujours terminé aux portes de la finale. Quand je dis aux portes de la finale, c’est qu’il devait en prendre 20 et j’ai terminé une fois 21e et une fois 22e et ça s’est joué à… 10 secondes sur un chrono, ou 25 secondes sur un chrono, ou une erreur sur le dernier obstacle de la dernière manche de la finale. Et là, je me suis dit, j’ai un problème dans ma tête. Parce que si j’avais terminé 74e, 20e, tu réussis, tu plantes, tu voilà. Mais quand au moment où tu devrais accéder à la finale, où tu n’es pas loin, tu n’y accèdes pas, tu te dis, que ça ne vient pas du cheval, que ça ne vient pas… Tu ne te dis pas que ce n’est pas de chance. Parfois, tu te dis, j’ai fait ce que je pouvais, et c’est déjà beaucoup. Là, je me suis dit, moi, j’ai un fin. Là, je me suis dit, j’ai un truc que je dois faire, complètement inconscient, qui fait que je me refuse d’accéder à la finale. Et là, j’ai travaillé sur moi. J’ai fait notamment de l’hypnose humaniste avec une femme formidable qui s’appelle Anne, et on a travaillé sur les championnats d’après. Et j’ai fini dixième. Je suis allée dans le top 10, j’ai passé la finale et j’ai eu aucun problème. Et ça, c’est quand même incroyable de… Quand je disais à mon mari, c’est de ma faute, je dois avoir un truc, il me dit, mais non, t’as donné les miens. Et je savais, je me suis dit, j’ai un truc chez moi, j’ai un truc qui est bloqué. Il fallait que je déloque ce truc chez moi pour pouvoir… accéder dans les poules de finale.
Minter Dial : Que chouette. Alors, on va maintenant, si tu me permets, bifurquer sur le petit projet qui nous intéresse. Et peut-être je vais commencer par une citation de Sancho Gutierrez, un des grands, grands, grands joueurs, qui a dit récemment, assez récemment, que le padel, c’est un sport d’individus joués à deux. C’est juste incroyable le parallèle, les passerelles entre ça. Parle-nous d’abord de ton arrivée dans le Padel, parce que c’est un sujet qui m’intéresse, pour ne pas dire autre chose. Comment est-ce que tu es arrivée dans le Padel ? Quelle était ton arrivée ?
Camille Huyghues Despointes : Alors là, comme c’était plus récent, je m’en souviens mieux que l’équitation, Je suis arrivée par le padel parce que j’ai des amis et notamment un ami entrepreneur qui me parlait du padel tout le temps. Et comme je suis quand même de tempérament assez curieux, il y a deux ans j’arrive sur mon lieu de vacances et je vois des terrains de padel et je me dis je vais essayer. Et je démarre le padel cet été-là avec mes enfants, mon mari. Il y a tout le monde qui venait. C’est chouette, on va essayer de jouer au padel et tout. Et c’est marrant parce que je suis toujours sur le même lieu de vacances, je vais toujours au même endroit. Et quand je vois qu’il y a deux ans, je ne savais même pas dans quelles mains, parce que je suis un peu ambidextre, dans quelles mains j’allais mettre ma raquette, et qu’aujourd’hui, je joue quand même pas très bien, mais un peu mieux quand même. Je me dis, c’est incroyable comment je me suis fait attraper par ce jeu. C’est un peu le sujet de tout à l’heure qui vous dit… C’est le sujet de tout à l’heure où je disais, tu ne sais pas très bien si c’est les sujets qui te choisissent ou c’est toi qui choisis ces sujets. C’est vrai que j’étais un peu entre deux eaux. Entre temps, je faisais du conseil et tout ça. Mais en tout cas, le sport du padel, je découvre ce sport par un copain entrepreneur qui m’en parle. Je joue l’été. Je trouve ça incroyable. Je reviens. à Paris en septembre. J’en parle à des copains entrepreneurs en disant ce sport est fou parce qu’il est drôle, il est accessible tout de suite. Il y a cette vraie notion de joie. Je suis vraiment amoureuse de ce sport. Et puis, je tombe aussi, pour être très honnête, ça c’est mon côté entrepreneur, je trouve que le marché de ce sport naissant est complètement fructueux. Donc les deux cumulés font que je commence à m’intéresser un peu, voire très sérieusement aux padèles. Voilà, ça a commencé comme ça.
Minter Dial : J’ai un peu cette impression, c’est pas la même ampleur, mais c’est l’arrivée de l’Internet qui a tout chamboulé, et dans le milieu du sport, c’est un sport qui chamboule le milieu du sport. et donc il y a une effervescence que l’on connaît bien. Et donc nous avons, nous lançons bientôt le Pongo Sports et le Padel. Comment tu vis l’arrivée de Pongo Sports et qu’est-ce que tu imagines comme avenir cofondatrice du Pongo Sports ?
Camille Huyghues Despointes : D’abord, c’est une aventure incroyable. Je sais que tu le sais, parce qu’on est tous les deux à l’origine de cette aventure. J’espère vraiment que la mission de Pango, qui va être d’être cet outil simplificateur pour les joueurs de padel, avec une expérience qui est vraiment sympathique parce qu’on a vraiment pensé comme ça. Je pense que c’est un peu ce qu’on est tous les deux aussi, de se dire qu’on a envie de procurer du plaisir quand on fait des choses et de la joie. J’espère que Pango va être à l’échelle de ce qu’on a imaginé et de ce qu’on a rêvé. Voilà. Et parfois, c’est toujours difficile de transformer ton rêve ou ta vision en une réalité, et c’est ce qu’on essaie de faire. C’est toujours ce qu’on essaie de faire quand on crée des boîtes, d’ailleurs. Donc, c’est dans nos mains, et c’est ça qui est chouette.
Minter Dial : Je vais te lancer un défi. C’est en live. C’est les Olympiques. ils pourraient se passer en 32 avec le Padel. Pourquoi pas sponsoriser l’équipe française et l’équipe anglaise avec des t-shirts, des chandails, comme on disait au Québec, de Pango pour aller les soutenir en direct avec eux.
Camille Huyghues Despointes : Ça serait super.
Minter Dial : Alors, le Pango, c’est notre projet ensemble et je voulais qu’on en discute. C’est un projet qui est B2C. Et de ce fait, parce qu’en fait, moi, je n’ai jamais vraiment travaillé en B2C. J’ai vendu des shampoings, j’ai vendu de l’agence de voyage pour les musiciens. J’ai fait plein de choses, mais pas vraiment vis-à-vis du B2C. Et ce que j’apprends avec toi, c’est que malgré le fait que c’est digital, ça ne peut pas que être digital, de lancer dans le B2C. Comment est-ce que tu penses, qu’est-ce qui ferait la réussite, quel que soit le produit en B2C ?
Camille Huyghues Despointes : Je pense que B2C, la puissance de la marque, c’est hyper important, et de l’expérience. Moi, j’aime assez bien le B2C, parce que je trouve que ton client final, il ne ment pas. La vente en B2B, elle est beaucoup plus complexe. Il y a beaucoup plus d’enjeux politiques. En B2C, ton client, tu vends un produit, il est content, il le prend, il n’est pas content, il se taille ailleurs. Donc, c’est beaucoup plus difficile parce que c’est plus cher. Et en même temps, si ton histoire est juste, si ta promesse est bonne, Après, c’est vraiment une question d’argent, le B2C, parce que ça coûte très cher de développer du B2C. Et en même temps, je pense que sur des communautés et sur des sports comme le padel, ça fait partie des marchés où c’est encore possible. parce que c’est des sports de passion et que tu parles à des passionnés, et que si ton produit et tes valeurs et ta communauté croient en ce que tu fais, ça fonctionne. Le seul truc, c’est qu’il faut être vraiment aligné dans ce que tu proposes et ta communauté, il faut la connaître, il faut la rencontrer. Il faut savoir ce dont elle a besoin, parce qu’à la fin de la journée, c’est elle qui va acheter ton produit. Parfois, ça nous est arrivé sur World of the Village, tu imagines tout un truc, puis tu le présentes, on te dit, c’est super, mais en fait, on pourra aussi faire ça, ça et ça, et toi, tu ne l’avais pas vu. Donc, ça te demande aussi beaucoup de réactivité et beaucoup d’humilité, parce que la réalité, c’est que ce n’est pas toi qui vas construire le produit, c’est toi qui vas réceptionner les besoins et les envies, donc ton sujet d’être à l’écoute. de ce dont ton client final a besoin, c’est hyper important. Parce que nous, on s’en fout de nos propres convictions. On a des convictions, OK, on démarre avec ça, on a des parties prises, très bien, super. Mais à la fin de la journée, il veut quoi, ton joueur de padel ?
Minter Dial : Un peu de jeu, un peu de plaisir, des rencontres, son niveau. Mais ce qui est marrant, on a un peu parlé de l’élément de sport dans la vie, combien on apprend, et tu as parlé avec le cheval d’être présent, d’être là. Il te prend comme tu es, mais quand même, il est important d’être présent là-dedans. Et aussi cette notion d’agilité. Et donc, il y a à la fois la conviction de ce qu’on veut, Mais il faut avoir aussi la flexibilité, l’humilité, la capacité de changer. Et ça me paraît un des vrais problèmes en entreprise, c’est de faire cet équilibre entre convictions. Parce que si tu essaies de faire plaire à tout le monde, déjà c’est très cher, c’est plutôt impossible. Donc tu dois avoir la conviction pour décider, je ne vais pas faire ceci, je ne vais me concentrer sur cela. Et tant pis si ça ne plaît pas à tout le monde. Donc, comment est-ce que tu évalues ce concept entre la conviction, le dogma quelque part derrière une idée, et cette flexibilité, agilité, capacité de pivoter constamment ?
Camille Huyghues Despointes : D’abord, c’est un truc de start-up. Les start-up ont cette chance parce que les start-up ne sont pas politiques. Elles sont en tout petits effectifs, donc elles ont l’agilité. En tout cas, il faut vraiment qu’elles l’aient. Elles ont du test and learn tout le temps et tout ça. Ça, c’est vraiment un truc de startup. Le truc, c’est pour moi… Le truc qui ne bouge pas, c’est ta vision. C’est-à-dire ton truc très haut, qu’est-ce que tu veux servir. Ça, c’est très haut. La manière dont tu… Où est-ce que tu veux aller ? Est-ce que tu veux aller en Argentine ? À Milan, où tu veux aller ? Après, est-ce que pour aller à Milan, tu passes par Lyon ou tu passes par Grenoble ? Même si c’est un peu plus loin, de passer par l’un ou l’autre des chemins, tu vas toujours à Milan. Et donc, ton agilité, elle est sur ton chemin. Par contre, tu vas toujours au même endroit. Et donc, une des complexités, c’est peut-être de trouver ton Milan. parce que lui, il ne doit pas bouger, et s’il bouge tout le temps, ça, c’est un problème. La manière dont tu y arrives, tu fais du test and learn, et c’est OK. C’est OK d’essayer, c’est OK que ça marche, parce qu’on dit toujours, c’est OK que ça ne marche pas, on change, mais il faut aussi bien voir quand ça marche. C’est comment est-ce que tu peux être suffisamment, je vais reprendre ce terme, à l’écoute, pour être capable de détecter tes signaux faibles. Et là, pour le coup, quand tu fais de la compète, en panel ou en équitation, c’est la même chose. Comment est-ce que tu sais quand ton partenaire de droite… Il ne se sent pas très bien et tu vas devoir être là pour lui filer un coup de main. Comment tu sais quand ton cheval est un peu fébri de ce jour-là ? Donc, c’est tous tes signaux faibles sur lesquels il faut être très, très à l’écoute pour dire que c’est tes tendances quand tu crées ta start-up qui vont te permettre de dire, là, je crois qu’il y a un truc à faire ou au contraire, là, je crois que ce trottoir, on est parti pour, mais en fait, ça ne marche pas.
Minter Dial : Si on reprend le padel maintenant, parce qu’on a aussi fait des séances de Joy of padel pour le business, pour toi, si tu as à reprendre quelque chose du terrain du padel dans le business, quelles sont les deux ou trois choses du padel que tout le monde qui devrait se mettre au padel pour les aider à mieux travailler, quels sont les indices ou les éléments que tu penses utiles dans ce sport dans le business et peut-être pas, pourquoi pas, dans la vie ?
Camille Huyghues Despointes : Oui, il y en a plein. Mais comme ça, là, à brûle pour coin, je dirais la confiance en soi et la confiance en l’autre. Je pense que les séminaires Padel qu’on fait avec Joy of Padel, c’est un formidable outil de management. Parce que quand tu joues à deux au Padel, Quand tu joues à deux au padel, ta relation à l’autre, c’est pareil en équitation, mais au padel, ta relation à l’autre, elle est incroyable. Elle est primordiale, si tu veux, ne serait-ce que marquer un point. C’est la base. Et comme en entreprise, même si on parle d’intelligence artificielle toute la journée, le facteur clé de succès d’une entreprise, c’est les équipes et c’est l’humain. Et c’est la relation à l’autre. Au padel, je dirais que c’est la même chose. Et donc, dans la relation à l’autre au padel, tu as tous les sujets de confiance en soi, de lâcher prise et de confiance en l’autre, de communication, évidemment. Et ça, c’est extraordinaire parce qu’au padel, on en a besoin tout de suite, même quand on démarre. C’est vraiment ça qui va faire, je pense, même à très haut niveau, c’est ce qui fait à un moment la différence.
Minter Dial : Il y a quelque chose que tu me fais penser, c’est que dans cette configuration de deux contre deux, l’autre jour j’ai tourné, on a fait plusieurs matchs et j’ai tourné avec chacun. Et c’est vrai qu’à repenser, quand j’étais en face d’eux, j’avais un autre regard sur eux, je regardais comment ils jouaient, comment je peux gagner le point. Et puis je parlais avec mon copain, avec qui je jouais, et on avait des petits amis d’intimité. Et on se le disait, sachant que dans une demi-heure, il allait jouer de l’autre côté.
Camille Huyghues Despointes : Ben oui.
Minter Dial : Et en fait, c’est là la notion de coopétition, le côté collaboration et compétition ensemble, un peu comme dans la vie. Parce que si t’es sale gueule derrière tout le temps, ça va se savoir. Et il faut être un peu soigné.
Camille Huyghues Despointes : Par exemple, quand je joue, j’ai quelqu’un qui joue souvent et il se dit tout le temps « ouais, je suis nul » quand il rate un point. Et j’arrête pas de lui dire « arrête de dire que t’es nul ». Donne-toi la solution, mais arrête de te flageller. Parce qu’en fait, ça ne t’aide pas, moi ça ne m’aide pas, ça n’aide personne. Et tu vois que c’est vraiment du management, c’est marrant. De comment tu peux aider l’autre à être meilleur et à se dépasser. Et en fait, en entreprise, c’est ton job de tous les jours. Quand tu travailles avec tes équipes, c’est comment est-ce que tu peux mettre… Moi, je pense que c’est important de se dire comment tu peux mettre tes équipes dans les meilleures conditions possibles pour qu’elles te donnent le meilleur d’elles-mêmes et qu’elles aient envie de se dépasser. Pour un bien commun qui est la réussite de tous. Sur un pair de padels, c’est exactement la même chose.
Minter Dial : Ça, ça devient le Milan de la partie.
Camille Huyghues Despointes : Ouais, exactement. Exactement.
Minter Dial : Alors, on a un peu parlé de tabi, de l’équitation, un peu du padel, en espérant que les gens qui ne connaissent pas le padel soient inspirés à aller jouer. Maintenant, le pango, pourquoi est-ce que quelqu’un devrait se ruer pour chercher Pango Sports ? Et l’application qui sort, à quelle date ?
Camille Huyghues Despointes : Ça sort début septembre pendant Roland-Garros. Et pourquoi Pongo ? Je pense que parce que quand on a travaillé ensemble Minter, on a vraiment voulu résoudre un problème pour les joueurs de padel. Aujourd’hui, les applications sont créées pour les clubs, pour favoriser les taux de remplissage. Elles sont créées pour les clubs. Et nous, on s’est dit, on veut faire vraiment quelque chose pour les joueurs. Et on a vraiment mis tout. Alors, tout ne va pas sortir d’un coup, puisqu’on ne peut pas tout faire d’un coup.
Minter Dial : Il faut choisir.
Camille Huyghues Despointes : Il faut choisir les étapes. Mais l’idée de Pango, c’est de dire, tu es un joueur de padel. En fait, tu vas tout retrouver sur Pango. En fait, nous, on a créé cette communauté, on a créé Pango parce qu’on est, nous, des joueurs de padel et qu’on avait envie d’une application qui nous soit utile plutôt que d’avoir 54 applications. ou à chaque fois qu’on veut jouer sur un terrain, il faut qu’on se trouve des copains, le bon niveau, 54 groupes WhatsApp, etc. Et l’idée de Pango, c’est de dire, viens chez nous parce qu’on va te simplifier la vie. Alors, on a besoin évidemment que les joueurs croient en ce projet parce que c’est grâce à eux aussi que ce succès va avoir lieu. C’est la magie du B2C et de la communauté, c’est que ça ne marche que si la communauté joue le jeu. Et moi, je crois vraiment que la communauté des joueurs de padel, elle a envie de ça parce qu’elle est plus grande et de plus en plus grande chaque jour et qu’elle a besoin et qu’elle a envie d’une application qui soit fédératrice, qui l’écoute. et qui va lui enlever tous les cailloux dans la chaussure dont elle a besoin. Et au padel, on en a encore pas mal au moment où on doit s’inscrire, trouver des joueurs, trouver des terrains, etc. Donc nous, on ne fait pas des terrains. Nous, on s’occupe des joueurs.
Minter Dial : J’adore. Il faut qu’ils jouent le jeu. jouant. Alors Camille, voilà, je te laisse continuer tes vacances parce que je sais que tu es en plein dedans. C’était un plaisir d’échanger avec toi dans ce format très différent parce qu’on a l’habitude de juste bosser ensemble. Et voilà, je te libère, mais merci beaucoup. Comment est-ce que quelqu’un peut te contacter ou évidemment chercher plus d’informations sur ce que tu as envie de partager ?
Camille Huyghues Despointes : Je crois que je suis sur LinkedIn comme beaucoup de gens.
Minter Dial : Avec ton nom qui est impossible. Enfin, les Huyghues des Pointes, c’est un nom célèbre, n’est-ce pas ?
Camille Huyghues Despointes : Célèbre, je ne sais pas, mais c’est une famille de béquets de la Martinique. Moi, je suis une pièce ajoutée, comme on dit. Et c’est en effet… Il faut être bon en orthographe. Il faut être bon en orthographe pour.
Minter Dial : Être… J’ai eu du mal, je m’en souviens, de H-U-Y. Ça m’a perturbé. Mais bon, Ravi, Camille, je te remercie beaucoup. À très vite. Bonjour à toute la belle famille et à bientôt sur Pango.
Camille Huyghues Despointes : À très vite sur Pango. Merci, Victor.