Métavers, Éthique et IA : Vincent Tessier Analyse les Nouveaux Horizons Numériques (MDF168)

Minter Dialogue avec Vincent Tessier

Vincent Tessier est un expert reconnu en innovation, passionné par la technologie et les mondes immersifs. De la réalité virtuelle au métaverse, en passant par l’intelligence artificielle, Vincent Tessier partage son parcours, ses différentes activités—du conseil audiovisuel à la direction d’entreprise, en passant par la création d’une salle de cinéma virtuelle et l’édition d’un média en ligne dédié à l’innovation.

Au fil de la conversation, nos deux intervenants abordent non seulement les défis et opportunités liés au développement des technologies XR et IA, mais aussi des questions profondes sur l’éthique, la transformation des liens sociaux dans les mondes virtuels, et la nécessaire vigilance européenne face aux géants américains et chinois de la tech.

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Crédits pour la musique : Le morceau au début est grâce à mon ami Pierre Journel, auteur de La Chaîne Guitare. J’ai également une chanson que j’ai co-écrite avec mon amie à New York, Stephanie Singer: « A Convinced Man. » Celle-ci a été écrite et enregistrée dans les années 1980 (d’où la qualité dégradée de mon enregistrement).

Transcription de la conversation par CastMagic.ai


Minter Dial : Vincent Tessier, nous nous sommes rencontrés grâce à l’APM et on a bossé ensemble. J’ai eu grand plaisir à te connaître, à t’entendre et à collaborer avec toi. Dans tes propres mots, Vincent, j’aime toujours demander qui est Vincent Tessier.

Vincent Tessier : Déjà, c’est un grand plaisir de se retrouver à Minter parce que c’est vrai qu’on avait passé des bons moments ensemble lorsqu’on avait collaboré et monté cette présentation autour du Metaverse.

Minter Dial : Une expérience.

Vincent Tessier : Sacrée expérience entre les mondes virtuels et le monde physique et puis l’univers des avatars. Donc ça, c’était vraiment une très belle expérience qu’on a eu la chance de partager ensemble. Et dans qui je suis ? Moi, Vincent, je m’occupe, je suis un passionné d’innovation depuis toujours, donc ingénieur de formation, passionné par la technologie et comment la technologie peut nous aider à mieux vivre et toujours intéressé par ces technologies émergentes. Ça a commencé avec le digital il y a quelques années, on a eu le mobile, on a eu les mondes virtuels, on a eu les technologies immersives, on a eu la blockchain et puis aujourd’hui on a l’IA. qui arrive très fort et quand on regarde les courbes d’adoption et les courbes du hype de Gartner, on voit à quel point ça va vite. Et ça, je trouve que c’est assez passionnant. Et ce qui me plaît, c’est d’arriver à imaginer ce qu’on peut faire avec ces nouvelles technologies.

Minter Dial : Tu es expert chez l’APM, ce qui veut dire que, comme moi, tu interviens en tant qu’expert, pour ceux qui ne connaissent pas l’APM, l’Association du Product Management, sur deux sujets, un qui est dans la métaverse et l’autre l’IA aujourd’hui, on va en parler, mais est-ce que tu as d’autres activités ?

Vincent Tessier : Oui, j’accumule plusieurs activités. Mon activité principale, c’est dirigeant d’entreprise. Aujourd’hui, je dirige une entreprise d’une quarantaine de collaborateurs qui est basée en région parisienne et qui s’appelle CTM. Chez CTM, on fait du conseil et de l’intégration de solutions audiovisuelles. pour le secteur Media & Entertainment. Ça concerne les chaînes de télévision, les studios de production, les laboratoires de post-production. Notre métier, c’est d’apporter les outils qui vont permettre de traiter les images et le son. Donc ça c’est ma première activité.

Vincent Tessier : J’ai également une autre activité qui est éditeur d’un média en ligne qui s’appelle 7×7.press et qui traite de l’innovation, qui traite de la transformation des sociétés et avec une petite part de divertissement également. Et puis, ma dernière activité, c’est… Je suis propriétaire d’une salle de cinéma en réalité virtuelle qui s’appelle CinéVR, qui se situe dans des mondes virtuels, mais dans lesquels on peut aller avec son avatar et voir des films dans des simulations 3D de salles de cinéma, mais des vrais films. et on peut être entouré d’autres avatars qui participent à la séance et avec qui on peut échanger.

Minter Dial : Dans quel monde virtuel doit-on aller pour visiter ton cinéma ?

Vincent Tessier : C’est relativement simple. Il suffit d’avoir un casque de réalité virtuelle, que ce soit chez Meta, chez Pico ou chez HTC, Et à partir du moment où on a le casque de réalité virtuelle, on lance l’application. Et là, on se retrouve immergé dans cette salle de cinéma virtuelle. On peut choisir son avatar. Et à partir de là, l’expérience commence et on peut choisir des séances de cinéma et voir les films. Alors, c’est des films 2D, c’est des films 3D. Et puis, l’avantage des salles de cinéma en réalité virtuelle, c’est qu’on peut regarder des films 360 degrés. Donc, on est au centre d’une sphère et tout autour de nous, on a le film qui est projeté un peu comme la géode, mais en version 360 degrés.

Minter Dial : Si je comprends bien, ce sont des films qu’on connaît, mais qui sont transformés en version 360°.

Vincent Tessier : Non, les films classiques 2D restent en 2D. Les films 3D restent en 3D. Et puis ensuite, il y a toute une production de nouveaux films au format 360 degrés qui est une industrie qui est en train, une industrie audiovisuelle qui se développe avec beaucoup de nouveaux studios qui produisent spécifiquement des contenus 360 degrés avec des caméras 360 degrés.

Minter Dial : C’est tout un autre chef-d’œuvre de pouvoir filmer quelque chose en 360° tout en gardant un storyline, ce qu’on veut suivre.

Vincent Tessier : C’est extrêmement difficile parce que qui dit 360° dit qu’on peut bouger la tête de tous les côtés. Et néanmoins, il y a une narration à suivre pour suivre l’histoire. Et donc, il faut toujours trouver un moyen dans la narration d’attirer l’attention du téléspectateur vers dans la bonne direction pour lui raconter l’histoire et l’emmener là où on souhaite l’emmener. Donc ça, c’est une nouvelle forme d’écriture, nouvelle forme de réalisation avec des techniques différentes de celles du cinéma plus classique. Et c’est assez passionnant.

Minter Dial : Ça me rappelle les expériences de théâtre immersif où on peut suivre n’importe quel personnage dans un endroit où il y a plein de couloirs, des coulisses, des chambres à part, et donc la pièce que tu suis peut être totalement différente de la pièce que ton partenaire suit si ton partenaire a choisi de suivre un autre personnage.

Vincent Tessier : Oui, et c’est vrai qu’on peut imaginer demain, si on fait la fusion entre les mondes virtuels et l’IA, de voir des films dont on serait un peu les héros et qu’en fonction des choix qu’on fera dans le film, de suivre des histoires différentes, de suivre des personnages différents et d’avoir des expériences différentes. On peut très bien imaginer des films interactifs où on sortira de la séance en se disant qu’on a Certes, vu une même œuvre, mais on l’a vu différemment et on n’aura pas les mêmes souvenirs de l’œuvre cinématographique.

Minter Dial : Moi, j’ai décidé de sauter de cet immeuble et toi, tu as décidé de prendre l’hélicoptère et ainsi de suite. Fascinant. Pour revenir à quelque chose que tu as dit au tout début, c’est que tu es passionné par l’innovation. Je me demandais quelle est la racine de cette passion ? Qu’est-ce qui fait que l’innovation te plaise autant ?

Vincent Tessier : Je crois que d’abord la curiosité, je pense d’abord, parce que c’est ce qui m’anime d’abord. Et puis ensuite, d’avoir grandi dans un monde où la technologie s’est développée progressivement. Et donc, moi, j’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont offert un premier ordinateur à l’âge de 9 ans. et on était sur des machines qui étaient bien moins puissantes que nos téléphones portables aujourd’hui. Et du coup, ça a permis de se connecter à la technologie assez jeune et ensuite de voir les évolutions et de comprendre les évolutions. Et c’est aussi ce qui a animé ma formation d’ingénieur, c’est d’essayer de mieux comprendre et voir comment on pouvait utiliser les nouveaux outils. Et que ce soit aujourd’hui un ordinateur, à l’époque c’était un Amstrad 464 à cassette, ou que ce soit aujourd’hui une IA générative qui va me permettre de générer un visuel. ça reste des outils qui sont entre nos mains et qui nous permettent de faire des choses différemment, de nous augmenter.

Vincent Tessier : Et je trouve que ça, c’est un côté assez fascinant de se dire que l’humain peut être augmenté par la technologie dans ses capacités et aller vers peut-être un niveau de conscience plus élevé.

Minter Dial : Au début, tu as parlé d’options, de lunettes pour la réalité virtuelle. donc méta ou autre, et ça me fait penser, tu dois avoir un regard particulier sur les avancées des deux côtés du monde, c’est-à-dire les Américains versus les Chinois. Est-ce que tu as une opinion forte sur qui est le leader et comment tu évalues le progrès évidemment foudroyant que la Chine a fait en matière de technologie ?

Vincent Tessier : Je dirais qu’aujourd’hui, je ne saurais pas dire si les États-Unis sont plus en avance que la Chine. C’est très difficile de le dire. Par contre, ce qui est vrai, c’est que le rythme d’accélération est beaucoup plus fort en Chine qu’aux Etats-Unis parce qu’ils ont énormément accéléré sur la technologie et rattrapé leur retard qu’ils pouvaient avoir il y a 20-30 ans. et aujourd’hui ils sont à la pointe sur énormément de sujets. Au-delà des aspects IA ou monde virtuel, on voit que dans tout ce qui est transition énergétique, production d’énergie à partir du solaire, ils sont aujourd’hui leaders dans le monde entier. Et donc c’est surtout le rythme et l’accélération qui sont assez fascinants du côté de la Chine. Après, ces deux pays, ils financent les startups, ils investissent énormément d’argent, ils sont capables de mobiliser énormément d’argent et dans le domaine de l’IA, ils peuvent s’appuyer aussi sur un registre de données qui est beaucoup plus important que ce que nous, nous pouvons avoir en Europe. parce qu’ils ont la même langue, donc l’anglais d’un côté, le mandarin de l’autre, et ça leur permet finalement d’avoir beaucoup plus de données accessibles dans leur langue que ce que nous, nous pouvons avoir au niveau de chaque pays en Europe.

Vincent Tessier : Donc si on met la puissance financière, la volonté politique d’investir dans la techno et des volumes de données beaucoup plus importants, Ça peut expliquer les avancées qu’ils ont aujourd’hui autour de l’intelligence artificielle et les autres technos. Après, là où je pense qu’il faut être extrêmement vigilant, C’est tout le sujet de l’IA Act, c’est comment, face à ces deux superpuissances, on préserve notre culture, on préserve notre société, et qu’on est en capacité, peut-être pas de lutter avec les mêmes armes, mais en tout cas de préserver notre spécificité européenne. et que si on n’est pas vigilant, on risque d’être enseveli sous des données américaines et chinoises qui pourraient éroder notre spécificité européenne. Je pense que là, être vigilant pour préserver notre culture, pour préserver notre société, c’est un enjeu majeur sur les prochaines années.

Minter Dial : Si je t’entends dire ça, j’ai envie de dire l’innovation. En Europe, ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile, d’autant plus qu’on n’a pas toujours le même goût de risque. et en plus il y a cette fracture de toutes les langues qu’il y a, ce qui rend difficile. Toi qui fais beaucoup d’interventions dans l’APM, donc avec beaucoup de petits et moyens entreprises généralement, et puis dans ton travail de conseil avec des plus grandes entreprises, comment est-ce que tu vois ce qui se passe sur le terrain en matière d’innovation, si je m’appuie là-dessus, en Europe ?

Vincent Tessier : Je pense qu’on a aujourd’hui, si je prends la France, puis après je parlerai peut-être un petit peu de l’étranger en Europe, mais on a une formation académique qui était plutôt bonne, notamment sur les sciences. et la technique et chaque année on forme beaucoup d’ingénieurs, de développeurs informaticiens et on a une capacité je dirais de d’innovation qui existe et qui est forte et qui peut être même réputée à l’étranger. On arrive à attirer des talents, on arrive à voir aujourd’hui des Français à la tête de grandes entreprises américaines sur toute la partie innovation, recherche et développement. Donc, on est reconnu dans ce domaine. Là où c’est plus difficile, c’est de transformer des innovations en applications concrètes dans l’entreprise pour avoir des champions qui sont capables d’aller, d’être en compétition avec des acteurs américains ou chinois. Et ça, c’est plus compliqué. Et je pense que c’est lié principalement à la capacité financière qu’ont nos entreprises de lever de l’argent et de pouvoir se développer rapidement. Donc on a heureusement quelques sociétés qui réussissent, mais par rapport aux sociétés américaines et les sociétés qui dépassent le milliard de valorisation, on n’en a pas beaucoup en France et pas beaucoup en Europe.

Vincent Tessier : Donc on voit bien que là on a un frein qui est à mon avis plus un frein financier qu’un frein technologique. Et après, dans les autres pays, je fais à peu près le même constat, avec peut-être certains pays qui se mettent moins de contraintes légales, juridiques, sur le développement de la techno, et qui se disent, plutôt dans une logique américaine, on régulera, on va développer, puis on régulera après. et donc on a aujourd’hui d’autres pays qui vont peut-être un peu plus rapidement dans le développement de l’innovation.

Minter Dial : Et c’est.

Vincent Tessier : Vrai qu’on a nous cette réflexion je pense qui est très européenne de protéger avant de développer. Et ça, ça peut aussi s’expliquer parce que l’Europe a raté certains virages technologiques, comme le cloud, où globalement on n’a pas beaucoup de gros acteurs au niveau européen sur le cloud pour faire face à des AWS, des Microsoft ou des Google. Et donc, on se dit qu’il faut protéger notre territoire et en même temps, il faut développer. Et des fois, ce n’est pas toujours évident de faire les deux en même temps.

Minter Dial : Alors, sur la réalité virtuelle et la métaverse, je pense que la plupart des gens qui écoutent s’accorderaient à dire que c’est encore des niches dans le vrai monde, partout ailleurs. Comment tu répondrais à cette question en doutant d’être de l’avenir grand public de l’XR, l’extended reality ?

Vincent Tessier : C’est une réalité, parce qu’on n’a pas encore trouvé le super casque qu’on oublie de porter. Et en fait, le débat il est là, c’est que c’est génial, c’est une expérience qui est toujours incroyable pour tous ceux qui l’expérimentent. Mais ça reste une grosse contrainte de porter un casque qui soit encore assez volumineux, assez gros sur la tête. Donc je pense que ça c’est un des freins. Il y a le coût, il y a le confort qui font que c’est encore difficile de se dire on va vivre une expérience, on va être gardé longtemps et porter longtemps ce casque. Et puis après, il y a aussi un aspect qui est la connexion aux autres. Quand on est avec un casque de réalité virtuelle sur la tête, on est isolé du reste du monde, on est isolé des autres, et du coup c’est plus difficile d’être en interaction. Donc on peut être en interaction avec des avatars, mais on perd l’interaction avec les personnes physiques, et ça c’est dommage.

Vincent Tessier : Et donc je pense que On est dans cette phase où les choses évoluent. On voit arriver non plus des casques de réalité virtuelle, mais des choses qui ressemblent plus à des lunettes connectées. Et ça, c’est quelque chose qui se développe assez fortement. Et le jour où on aura réussi à bixer les deux technos et d’être capable, via des lunettes, de basculer simplement dans un monde virtuel ou un monde augmenté, ça peut être des avatars virtuels qui rentrent dans notre monde physique et qu’on reste à la fois, qu’on puisse être en interaction avec des êtres virtuels et des êtres physiques. Là, je pense que ça change la donne parce que ça ouvre des perspectives, ça crée des opportunités de nouveaux services. et on est un peu le meilleur des deux mondes. Donc on fait la fusion entre le physique et le virtuel. Donc moi, ma vision, elle est plutôt qu’il faut encore attendre qu’on miniaturise toutes ces technologies pour qu’elles soient embarquées dans des lunettes et qu’au final, nos interactions se fassent via des lunettes augmentées.

Vincent Tessier : Et ça, je pense que c’est quelque chose dont on s’approche.

Minter Dial : Dans le chaînon qui manque, peut-être, pour que ce soit une vraie expérience pour le grand public, ça m’a toujours frappé, la valeur ou l’importance de l’histoire racontée. Pour que le narration, comme tu as dit au tout début, qu’est-ce qui m’amène dedans. Et j’ai envie de dire, le storytelling, quand on est dans ce monde-là, on est loin de l’avoir bien saisi. Il y a très peu d’histoires qui me… De temps en temps, je le vois, mais pour arriver à faire en sorte que le storytelling, avec autant de différences de perception qu’on a l’habitude de mettre sur 2D, on va dire, ou dans un livre, c’est complexe d’écrire une bonne histoire. Est-ce que c’est ton avis ?

Vincent Tessier : Oui, alors c’est complexe de raconter une histoire dans un monde virtuel, ça c’est vrai, de trouver un sens, et de trouver une justification naturelle d’aller dans le monde virtuel.

Minter Dial : Pas juste le faire pour le faire.

Vincent Tessier : Voilà, le faire pour le faire ça n’a aucun sens, parce qu’on va le faire une fois, on va découvrir, on va dire chouette, et puis après on va poser le casque et puis on y retournera plus jamais. Par contre trouver un sens qui donne envie d’y retourner régulièrement, ça, ça peut être intéressant. Alors dans les moi les expériences qui m’ont le plus marqué, toutes les expériences historiques. On se retrouve plongé dans le passé, que ce soit avec des dinosaures ou au Moyen-Âge, et qu’on découvre comment était ce monde, comme si on remontait dans le temps. Ça, je trouve que c’est assez bluffant, parce que là, on découvre des choses qu’on ne peut pas voir, qu’on ne peut pas vivre, et on peut les vivre pleinement en réalité virtuelle. Et puis après, vivre des expériences. qui nous sortent de notre condition d’humain. Ça, c’est des choses aussi, je trouve, qui sont intéressantes, qu’on soit réduit à la taille d’une fourmi et qu’on rentre dans une fourmilière, ou qu’on puisse tout simplement voler.

Vincent Tessier : Ça, je trouve que c’est des expériences qui marquent, parce que, voilà, je parlais d’être augmenté, c’est ce qui va nous faire sortir de notre condition et nous permettre de découvrir des choses nouvelles et quelque part augmenter notre expérience et notre conscience. Et ça je trouve que c’est intéressant parce que là on touche à des domaines où certainement on pourra trouver une justification à y retourner et trouver une envie et créer peut-être une forme d’addiction à quelque chose.

Minter Dial : Il y avait un exemple qui m’a plu, je pense que c’était Beyrouth, en période de guerre, d’imaginer ce que c’était de marcher le long d’une rue dans une ville où il y a la guerre. On est tellement loin de là, c’est pour nous. faire comprendre l’expérience qu’il y a. Tu as écrit quelque part, je ne me souviens pas exactement, où tu as dit « je suis convaincu que la VR, la réalité virtuelle, doit servir à créer des liens sociaux authentiques, pas simplement de l’évasion ». Quel moyen penses-tu que la réalité virtuelle peut nous amener à avoir des relations plus authentiques ? Est-ce que c’est à travers le ciné VR que tu penses à ça ?

Vincent Tessier : Non, je pense qu’avoir des relations plus authentiques, je pense que c’est possible parce que la VR va permettre de s’affranchir de notre physique. Et donc, quand on est dans un monde virtuel, on peut être n’importe quoi ou n’importe qui. Je peux être un robot, je peux être un animal, je peux être une autre personne, du même sexe ou d’un autre sexe. Et au fond, on s’affranchit de l’apparence physique, Et dans les interconnexions qu’on peut avoir dans un monde virtuel, finalement c’est sa personnalité qui va être perçue en priorité, et c’est plus l’apparence physique qui peut être un élément qui peut porter à avoir des préjugés par exemple. Donc on en revient à l’essence de qui on est, Et ça je trouve que c’est quelque chose qui est assez intéressant. Alors c’est intéressant dans plein de domaines, ça peut être tout simplement faire des entretiens RH, sans le biais de la couleur de peau ou de l’origine ethnique, ça peut être vrai dans une relation amoureuse, ou finalement, qu’est-ce qui est le plus important entre le physique et la personnalité de la personne. Et puis, ça peut être vrai aussi en psychologie, où on imagine un psychologue, une relation entre un psy et son patient, si on s’affranchait aussi du physique, peut-être que les choses sont plus faciles à dire. Moi, j’avais vécu une expérience qui était assez intéressante.

Vincent Tessier : À l’époque, quand je travaillais dans la réalité virtuelle, je travaillais beaucoup pour des entreprises, pour organiser, par exemple, des séminaires d’entreprises, à l’époque où on ne pouvait plus trop se déplacer à cause du Covid. Et donc, on avait des entreprises qui regroupaient des centaines de personnes dans des mondes virtuels pour faire leurs séminaires. Et puis j’avais travaillé avec une entreprise qui, elle, avait un problème de comité de direction où il y avait des tensions très fortes entre les membres du comité, ce qui perturbait le dirigeant parce que, du coup, ça lui misait au fonctionnement de l’entreprise, ça générait des tensions dans les services. Et donc, ce qu’on avait convenu de faire, c’était de prendre son Codir, l’emmener dans un monde virtuel, Et chaque personne du Côte d’Ivre pouvait s’habiller différemment, choisir un avatar différent. Et ils se sont tous retrouvés en short, maillot de bain, t-shirt, sur une plage, dans les îles au Maldives, pour faire leur comité de direction. Le premier effet que ça a eu, c’est que ça a amusé tout le monde, mais le deuxième effet, ça a été très rapidement de dénouer toutes les tensions qui pouvaient exister entre les personnes et de renouer des relations humaines plus normales, plus normalisées, pour recréer du lien au sein du comité de direction. Donc ça a extrêmement bien marché. Et puis ensuite, les comités de direction, je crois qu’il y en avait un par mois qui continuait de se passer pendant un an dans un monde virtuel, mais les trois autres se passaient dans le monde physique, et ça a permis d’atténuer les tensions entre les différentes personnes.

Vincent Tessier : Donc ça permet effectivement d’avoir des relations plus authentiques finalement, et de recréer du lien entre des personnes.

Minter Dial : C’est largement, pour moi en tout cas, contre-intuitif.

Vincent Tessier : C’est complètement contre-intuitif, oui.

Minter Dial : Alors, si je focalise sur les métaverses, les XR, réalité augmentée, etc., combien est-ce que la ligne éthique peut être reprise de ce qui se passe dans la réalité ? Car je donnais l’exemple, je peux faire ça mais ça ne fait pas de mal, il n’y a pas de mort d’homme, donc tout est virtuel. Est-ce qu’il existe plus de permissivité dans un monde un peu immersif virtuel ? qu’il y ait dans la vraie vie, parce que si je te prends un pistolet et je te le tire dessus, tu ne meurs pas parce que ce n’est pas grave, c’est juste virtuel. Comment est-ce que tu peux guider une équipe dans une création de lignes éthiques par rapport à créer des environnements, des usages dans le business ?

Vincent Tessier : Je pense que c’est… C’est une société, c’est un écosystème, un monde virtuel. Et dans cet écosystème, on peut faire la similitude avec le monde de l’entreprise. Dans un monde d’entreprise, on va définir des règles de fonctionnement, Donc, il y a un règlement intérieur dans une entreprise qu’on doit respecter. Il y a certaines règles, une certaine éthique, une certaine déontologie et qui s’applique à tous les salariés, tous les collaborateurs de l’entreprise. Dans un monde virtuel, c’est la même chose. C’est un écosystème où on peut définir ses règles. Et puis ensuite on doit modérer, s’assurer que les personnes qui rentrent dans ce monde virtuel appliquent les règles, et sinon elles sont bannies, tout simplement. Donc après, ça c’est ce qui est possible de faire, et ce qui doit être fait, à chaque fois qu’on réfléchit à un monde virtuel.

Vincent Tessier : Après ce qui peut être plus compliqué, c’est lorsque des mondes virtuels sont créés par des sociétés qui ont la taille d’Etat, voire de plusieurs états, et je pense à des sociétés comme Meta, qui sont aujourd’hui, qui ont une taille très importante, et qui, elles, peuvent être tentées de fixer des règles qui peuvent être contraires aux règles locales qu’on peut avoir dans chaque état. Donc c’est des mondes virtuels qui sont par définition accessibles depuis l’ensemble des pays, et donc qui sont et qui dictent leurs propres règles. Et on peut avoir des règles morales qui sont plus contraignantes ou moins contraignantes que les règles qui s’appliquent dans nos pays. Et ça, ça pose question, parce que là on va parler de mondes virtuels qui peuvent accueillir énormément de monde, qui se développent aussi fortement. Et donc là, c’est comment on régule finalement les relations qu’on peut avoir dans ces mondes virtuels. Alors après, est-ce qu’on peut tuer des gens ? Oui, on peut tuer des gens. Mais je dirais que c’est pas plus, pas moins que dans certains jeux. vidéos, qui sont parfaitement autorisées partout dans le monde.

Vincent Tessier : Et donc certains sont utilisés par tous les jeunes dans tous les pays. Donc, il faut fixer des règles. Et puis, je pense que c’est là où on doit avoir un rôle au niveau politique de pouvoir influer sur ces mondes virtuels. et essayer de trouver une espèce de consensus sur les règles qui peuvent s’appliquer sur tous ces mondes virtuels. Après, il y a aussi des mondes virtuels qui sont basés sur des blockchains et qui définissent leurs propres règles de fonctionnement et donc ils sont encore un petit peu plus particuliers mais ils sont un peu plus petits en taille.

Minter Dial : Mais pour repousser, comme on dit en anglais, repush back, Si on peut être qui on veut, faire tout ce qu’on peut, il est limité dans les choix des avatars. Donc on peut très vite imaginer de l’appropriation de culture, le fait que je me présente comme un cheval, juste parce que je peux. Et comment gérer un monde de guerre ? Quand dans la société, en entreprise en tout cas, on n’est pas en mode de guerre, on n’est pas là pour promouvoir la tuerie, mais on a en l’occurrence un jeu qu’on distribue, qui de toute évidence promeut la violence. Donc je prends ça comme un exemple un peu extrême, mais de manière plus prosaïque dans plein d’entreprises, quand on veut aller dans ces mondes-là, comment savoir, puisque tout est possible, donner des règles qui ne peuvent pas être fixées dans la réalité parce qu’il y a le « what if » de tout. Tout est possible. Donc, je dois mettre des contraintes et si je commence à mettre trop de contraintes, ça tue l’innovation.

Vincent Tessier : Ça dépend aussi de la manière dont les choses sont présentées. Si c’est présenté comme un jeu, à la limite, tout est possible. Il y a des jeux vidéo où tout est possible, qui sont des jeux multijoueurs massifs où tout est rendu possible, et c’est déjà des modes virtuels.

Minter Dial : C’est clair.

Vincent Tessier : Donc c’est des mondes virtuels dans lesquels chacun incarne un personnage et ça peut être une manière de se défouler lorsqu’on est stressé le soir, d’aller voler une voiture, taper quelqu’un dans la rue ou d’étourner un avion.

Minter Dial : C’est pourquoi j’en promeux le criquet en Angleterre.

Vincent Tessier : Voilà, c’est plus cool. Et nous, la pétanque en France. Mais du coup, je pense que ça dépend un peu du positionnement de ce monde virtuel. Après, quand on veut être un monde virtuel global, je pense qu’on ne peut pas échapper à avoir une législation associée. Et après, la question, c’est est-ce que la législation, elle est portée par l’éditeur du monde virtuel ? Donc, je pense par exemple à un méta qui pourrait décider fixer la législation ou alors est-ce que la législation est plus démocratique et dans des mondes virtuels ou qui fonctionnent souvent sous des blockchains où là le pouvoir est partagé démocratiquement et c’est l’ensemble des utilisateurs qui fixent les règles du monde virtuel dans lequel ils évoluent. Et donc ça, on va voir des mondes virtuels différents sur des gouvernances différentes qui vont apparaître et qui vont définir leurs propres règles. Et dans ces règles, rien n’empêche que ces règles soient contraires à la législation locale des utilisateurs. Et on l’a vu Il y a quelques années, des personnes qui ont considéré qu’il y avait eu des formes d’harcèlement sexuel entre avatars, parce qu’un avatar s’était approché d’un autre avatar, était rentré dans sa zone intime et lui avait touché les seins.

Vincent Tessier : Ça, on a considéré que c’était une forme de harcèlement sexuel, même si c’était entre des avatars qui étaient pilotés par des humains à distance. Donc on sent encore que de toute manière tout ça est en train d’évoluer. Il s’est posé beaucoup de questions au moment où le métaverse était très en vogue. C’est un sujet qui est un peu redescendu depuis… l’émergence de l’intelligence artificielle, mais c’est des sujets qui restent importants sur lesquels il va falloir arbitrer et définir en fait quelle législation l’emporte entre la législation locale de l’utilisateur ou la législation du monde virtuel.

Minter Dial : Alors, évidemment, là, tu as touché le mot magique, le bâton magique, la poudre magique qu’on met partout, l’intelligence artificielle. Et pour tout ce qui est tenu jusque-là, on a discuté de multiverse, XR, VR et tout, l’IA, c’est bien plus une réalité. Et dans ton deuxième expertise que tu fais à l’APM, tu parles de comment amener de l’IA pour être une société plus efficace, meilleur rendement. Et le sujet doit être vaste. Mais aujourd’hui, quel est ton constat ? Parce que tu as parlé des LLM aussi. Quel est ton constat ? Est-ce qu’on est dans une bulle où on est au tout début d’un énorme truc ?

Vincent Tessier : Je pense qu’on est dans… Je pense qu’il y aura une bulle. La difficulté c’est de dire quand est-ce qu’elle va exploser. Et ça c’est pas évident à dire parce que c’est sûr qu’aujourd’hui quand on regarde objectivement, on a des entreprises qui sont survalorisées. Alors c’est vrai pour les entreprises qui ont développé des LLM, des intelligences artificielles génératives, mais également toute l’industrie qui sous-tend le développement de l’IA, je pense à NVIDIA qui fournit les cartes graphiques qui font tourner tous les ordinateurs, qui font tourner les modèles d’intelligence artificielle. Donc tout est extrêmement valorisé. Et là où on peut penser qu’il y a une bulle, c’est qu’en fait il y a une exagération entre effectivement ces valorisations et moi concrètement, l’usage que je vois, dans le quotidien, dans les entreprises. Et donc là, ce que je vois moi au contact de chef d’entreprise, et j’en ai vu plusieurs centaines depuis deux ans sur les sujets de l’IA, il n’y a pas beaucoup d’usage de l’IA qui est fait. Et donc c’est là où on peut se demander s’il n’y a pas effectivement quelque chose un peu…

Vincent Tessier : On en parle beaucoup, mais l’usage n’est pas si développé que ça en entreprise. Donc ça, ça peut être un indice de dire qu’il y a peut-être une bulle. Après, quand on regarde les courbes du hype de Gartner, on voit que l’IA générative, elle est déjà dans la courbe de désillusion, donc la phase descendante, et que celle qui est en haut de la courbe hype de Gartner, c’est l’IA agentique, dont on parle effectivement beaucoup. Donc je pense qu’il va effectivement y avoir, comme toujours, une consolidation. C’est vrai qu’aujourd’hui, il n’y a pas un jour où il n’y a pas une nouvelle IA ou une nouvelle LLM qui sort, et c’est même difficile de suivre, même quand on est dans le domaine.

Minter Dial : C’est fatigant.

Vincent Tessier : C’est même fatigant, parce que c’est vrai qu’il y en a tout le temps, et ça n’arrête jamais. Alors il y a les Chad GPT, il y a les Gemini, il y a les Claude, et puis tous les modèles associés à différents types de contenus. Donc, c’est vrai que ça va très vite. Et donc, je pense qu’il va y avoir une consolidation du marché. Ça a un petit peu commencé avec les IA, les plateformes d’IA multimodales. Donc ça, on voit des choses qui sont en train de se mettre en place et ça va se consolider progressivement. Et je pense qu’on aura peut-être une dizaine d’IA qu’on utilisera au quotidien dans les 3, 4 prochaines années. Donc oui, je pense qu’il va y avoir une bulle.

Vincent Tessier : Quand est-ce qu’elle va exploser, ce n’est pas facile à dire. Mais clairement, on en parle plus que ça n’est utilisé dans les entreprises.

Minter Dial : Alors, j’imagine que tu reçois ces questions souvent et comme moi, il faut qu’on note le moment où on en parle. C’est le 25 novembre à 6h18. Ce podcast va sortir en janvier. Mais quand quelqu’un te demande Quel est le meilleur à la lame ? Comment tu réponds ?

Vincent Tessier : La réponse, c’est qu’il n’y a pas de meilleur LLM. Il y a des LLM qui sont entraînés et spécifiques pour des usages donnés. Donc, il y a des LLM qui vont être plus scientifiques, il y a des LLM qui vont être plus littéraires, des LLM qui vont être plus créatifs. Et donc, en fonction de l’usage, il faut aller choisir le bon LLM. Donc ça, c’est la première question. définir son usage et ensuite choisir un LLM. Et après, une fois qu’on a fait ça déjà, on a restreint le choix d’LLM. Et puis après, il faut réfléchir à est-ce que je veux lancer chat GPT et j’ai besoin d’un LLM super puissant avec beaucoup, beaucoup de paramètres.

Vincent Tessier : Ou au contraire, j’ai besoin d’un LLM pour générer des visuels des postes LinkedIn dans mon entreprise. Dans ce cas-là, je n’ai pas besoin d’un LLM très puissant, un petit LLM avec même un SLM, les Small Language Model, ça va être amplement suffisant pour mon usage en entreprise. Donc définir l’usage, définir l’ambition qu’on a, et à partir de là on a des LLM qu’on va utiliser. Après moi je crois beaucoup aujourd’hui, en tout cas dans le domaine de l’audiovisuel dans lequel je travaille actuellement, Je crois beaucoup aux plateformes qui sont en capacité de proposer plusieurs LLM pour générer tout type de contenu, que ce soit du texte, que ce soit des images, que ce soit des vidéos, du son. Aujourd’hui, il y a des plateformes qui existent type Freepik qui vont permettre d’accéder à une multitude de LLM dans une seule plateforme. Ça, je trouve que c’est malin parce que déjà, ça permet d’éviter de se poser la question à chaque fois de quel LLM je vais choisir. Puis, c’est mis à jour en permanence. Du coup, on bénéficie régulièrement des meilleurs LLM et on n’a pas forcément besoin de se reposer la question à chaque production.

Minter Dial : C’est comme un super app.

Vincent Tessier : Ouais, c’est la superbe, c’est la métaille.

Minter Dial : Alors, quand tu parles avec des entreprises, tu les conseilles là-dessus sur l’intégration, peut-être le démarrage de l’IA, il y a quand même beaucoup de choses à réfléchir. Il y a quelle est ta stratégie, comment ce l’IA peut m’aider par rapport à ma stratégie, grand sujet. Ensuite, il y a ma culture, quelle est la culture qu’on a dans l’entreprise, quel type de formation a-t-on besoin, quel LLM, quelle infrastructure dont on a besoin, comment s’occuper des risques d’hallucination, pour ne pas parler des problèmes de législation. Ce qui fait qu’avant même de vouloir le faire, on a beaucoup de choses à réfléchir. Du coup, tu passes six mois à y réfléchir et les choses ont bougé. Quelles sont les lignes éditrices que tu utilises quand tu essaies de conseiller une entreprise, un dirigeant, sur l’usage ?

Vincent Tessier : Comme tu le dis, il y a déjà une phase d’acculturation qui est très importante. Déjà que le dirigeant ait une conscience des enjeux de l’IA, ça c’est déjà fondamental. et qu’ensuite son comité de direction partage cette conscience et une vision commune. Ça c’est les deux éléments pour commencer à construire quelque chose. Et après moi je milite vraiment beaucoup pour faire beaucoup de petits projets au départ, histoire de démarrer sur des choses simples. et de prendre confiance, de découvrir, prendre confiance et puis progressivement aller sur des usages plus complexes et qui auront plus d’impact. Et donc ce qui me semble important, c’est surtout de démarrer, de valoriser les succès et d’enchaîner sur de nouvelles expérimentations. d’avoir un cercle vertueux qui se met en place et que progressivement, on embarque le plus de personnes dans l’entreprise sur des usages autour de l’IA.

Vincent Tessier : Et ça, c’est une manière d’abord de montrer les apports que ça peut avoir pour l’entreprise, pour les salariés, et puis de démocratiser et vulgariser l’intelligence artificielle. Et ça peut être sur des choses très simples au départ, pour qu’on voit le bénéfice immédiat. Et puis après, rapidement, il y a ce qu’on appelle quelque chose qu’il faut absolument éviter en entreprise, c’est le shadow IA. Le shadow IA, c’est ce qu’on fait tous, c’est j’ai découvert une IA qui me permet de faire mieux mon boulot, j’en parle à personne, ça augmente mes performances, mon boss est content et c’est génial. Donc ça, c’est vrai que c’est génial individuellement, mais ça ne permet pas de créer de l’intelligence collective et c’est dommage pour l’entreprise. Donc il faut supprimer le shadow IA et au contraire valoriser pour que chaque personne qui utilise une IA ait envie de le partager avec le plus de personnes possible et que ça devienne un usage validé dans l’entreprise. Et à partir de là, il faut définir une forme de gouvernance de l’IA et de se dire qu’est-ce qu’on accepte de faire, qu’est-ce qu’on accepte de ne pas faire, et ça c’est propre à chaque culture d’entreprise, mais se dire que peut-être il y a des choses qu’on fait en shadow IA qu’on ne devrait pas et qu’on va peut-être interdire. Par exemple, valider des tableaux sur les résultats financiers, donner à ChatGPT pour lui demander de remettre à jour les chiffres ou sortir des tendances.

Vincent Tessier : Bon ben ça c’est de la formation confidentielle, ça n’a rien à faire sur ChatGPT. Et puis à l’inverse, il y a d’autres usages qui peuvent être super intéressants, qui doivent être au contraire développés dans l’entreprise. Donc en fait, multiplier les projets, ça permet de tester beaucoup de choses et puis ça permet de faire émerger une gouvernance de l’IA au niveau de l’entreprise pour finalement valider les bons usages et interdire les mauvais usages.

Minter Dial : Merci. tu es en face d’un PDG et tu lui dis qu’il y a ce truc chez l’IA, et peut-être qu’en commex, tu expliques tes choses, tu les sensibilises, etc. Tu serais de l’avis qu’il faudrait mettre en transparence l’usage de cette IA à tout moment ? Parce qu’en fait, ça peut aller loin. J’ai fait ce tweet avec l’IA. Est-ce qu’on doit le dire dehors, vers l’extérieur, que je l’ai mis en IA, ou je l’ai présenté à mon chef à l’interne de l’IDA, l’idée de ce tweet. On a acheté n’importe quoi. Avec l’IA, j’ai utilisé l’IA juste pour faire de l’idéation, pour penser à quelques idées de l’initiatrice, et ensuite c’est moi qui ai pondu. À quel moment ? Où est-ce que ça s’arrête et où est-ce que ça commence ?

Vincent Tessier : Je pense que chaque boîte doit se poser la question. Il n’y a pas de règle particulière. Et puis après, il y a des entreprises qui peuvent être aussi un peu cow-boys et qui ont réussi à se développer parce que justement, peut-être qu’ils ne suivaient pas exactement les règles qui étaient dans leur industrie. Et c’est ce qui leur a permis de se développer et d’exister. Il n’y a pas de règle. Par contre, il y a un cadre à respecter, du moins en Europe. Il y a l’IA Act, qui définit les usages autorisés et non autorisés. Il faut le regarder et avoir ça en tête.

Vincent Tessier : Il y a le RGPD, qui est toujours actif, qu’il faut également respecter. C’est le cadre légal qui s’impose à nous tous. Après, je dirais que sur tout ce qui va concerner les droits d’auteur, je milite plutôt pour dire qu’on ne s’est généré pas avec l’aide d’une IA. Après, pour tous les autres usages, je pense que c’est propre à chaque entreprise. Et là, il faut se poser la question, est-ce que si j’écris un tweet avec l’IA, je dois le dire ? Ça dépend de ce qu’on raconte. Si on fait la promo d’un de ces produits pour le Black Friday, il n’y a peut-être pas besoin de dire que ça a été fait avec l’IA. Maintenant, si c’est une lettre d’intention sur une tendance du marché plus stratégique, là, ça peut poser question.

Minter Dial : L’intelligence artificielle ! Tu m’as utilisé le mot « cowboy », ça m’a fait penser peut-être qu’il y a aussi des cobayes qui veulent se lancer en expérimentation. Vincent, fabuleux ! Le temps est limité, il est temps de te lâcher et faire une activité normale, comme disaient les guignols. de l’info. Comment est-ce que quelqu’un peut te contacter, te suivre, tes écrits, t’embaucher, voir tout ce que tu fais ? Quels sont les meilleurs liens ?

Vincent Tessier : Alors, c’est super simple. Le canal que je privilégie, qui est pour moi le plus simple, c’est LinkedIn. Donc Vincent Tessier, T-E-E-A-C-I-E-R, sur LinkedIn. et c’est le moyen le plus simple de se mettre en contact avec moi. Je serai toujours ravi, je regarde tous les messages que j’ai et j’y réponds toujours.

Minter Dial : C’est bien, c’est une bonne éthique. Vincent, merci beaucoup.

Vincent Tessier : Merci beaucoup, Minter, pour l’invitation et je pense qu’on aurait pu encore discuter facilement plusieurs minutes, voire plusieurs heures.

Minter Dial : J’en suis bien d’accord, j’ai à peine gratté le sujet. Voilà, ça pour une autre fois.

Vincent Tessier : Eh bien écoute, à bientôt et très bonne année !

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