L’âge adulte en pleine crise…

Madame Figaro ce weekend met à la une un entretien de deux professeurs de philosophie à la Sorbonne, Pierre-Henri Tavoillot et Eric Deschavanne. L’article intitulé « L’âge adulte en pleine crise, » reprend le thème abordé dans un billet antérieur, La Crise, dans lequel on retrouve la crise de modèle adulte à offrir aux jeunes. Dans cet article de Mme Figaro, ils parlent de la « jeunesse interminable » d’un côté et des « jeunes seniors » de l’autre. Les jeunes, suivant un modèle d’adulte, recherchent tout de suite l’épanouissement et un « accomplissement » tandis que les seniors sont vénérés pour leur représentation de la liberté et de la possibilité de s’épanouir. Entre ces deux phases, les adultes se retrouvent coincés avec beaucoup de contraintes et qui peinent pour trouver la paix, le soi. L’article alors que court et bien synthétique me parle en tant qu’adulte à la chasse… La chasse du temps ‘perdu’ est devenue une préoccupation des adultes, un frein à la maturité des jeunes et une grande liberté pour les seniors. Les adultes se heurtent aux besoins d’être parent, travailleur, amant, ami ET soi-même.

J’ai trouvé aussi deux autres phrases parlantes dans l’article, dont je profite pour citer : [de P-H. T.] « Sagesse, plénitude : on veut tous accéder à cela. C’est devenu un idéal. Alors, au lieu de signifier une période d’existence, l’âge adulte est devenu un idéal philosophique. » Et plus loin [de E.D.] « Aujourd’hui, l’adulte, c’est toujours celui qui a de l’expérience, mais, en plus celui qui sait faire face à l’inconnu, à la surprise, à l’inattendu. »

Pour le coût, cette crise semblerait bien répandue sur Europe de l’ouest — sans savoir si cela est aussi le cas pour la Japon ou ailleurs.

La Crise

Alors qu’on ne cesse de parler de « la crise » en France, le séminaire ANVIE auquel j’ai participé hier a replacé pour moi la notion de la crise. Dans la présentation de Professeur Stéphane Hugon (sociologue Gretech/CeaQ Sorbonne), la crise d’aujourd’hui est une crise des indicateurs, des observateurs. C’est-à-dire que nous ne savons plus où l’on en est. Les adultes sont rejetés par les enfants car le vieux modèle est dépassé. En revanche, on ne sait pas par quoi le remplacer. On n’est pas simplement en opposition avec une alternative à proposer comme on aurait pu avoir dans les crises de l’après-guerre et ensuite 1968. On est dans le vide, focalisé sur le présent et des activités éphémères en ligne (et off line aussi). Dans cette crise d’aujourd’hui, il y a l’échec de l’ancien modèle, la peur pour demain et un rejouissement pour le présent. Nous sommes dans le « hic et nunc » et nous prenons autant de plaisir dans la forme que le fond dans les activités du moment. L’individu se crée par des expressions individualistes (blog, myspace, youtube…) mais cette création est inscrite dans une recherche assidue d’appartenance à un groupe. « L’acte de consommation prend le dessus sur la consommation du produit lui-même. » Mais, alors qu’on cherche toujours à penser que « aujourd’hui, c’est différent…, » j’avoue que les termes « vivre dans le présent, » « peur de l’avenir » et « narcissisme de groupe » semblent être des termes qu’on retrouvait, quand même, dans l’air des Hippies. Encore faut-il qu’on arrive à trouver la bonne musique qui en est sortie.